On ne l’arrête plus ! À peine avons-nous eu le temps d’oublier À l’aveugle, dont il avait écrit le premier jet, que revoici Luc Besson scénariste, avec ce Lock Out qui compte parmi les plus roublardes de ses productions. Roublarde, parce que si les premières minutes du film laissent entrevoir la possibilité d’une série B honnête, la suite est une accumulation d’erreurs autant esthétiques que narratives. Lock Out n’est même pas capable de susciter la moindre indulgence pour ses ratages consécutifs. Consternant.
Brutales, les premières minutes de Lock Out semblent vouloir donner le ton d’un film de prison efficace, dont la principale originalité serait de se dérouler dans l’espace. L’esthétique carrée, froide, de la séquence introductive place le film en héritier direct des films d’action des années 1980, de ceux chez qui même le choix de la police du titre, le déroulement du titre faisaient office de gimmick. Mais bien vite la débâcle s’annonce.
Tout d’abord, on se rend vite compte que le duo de réalisateurs, tous les deux novices à l’exception d’un court en 2004, semblent n’avoir aucun sens de la mise en scène dynamique : les scènes de poursuite et d’action sont ainsi totalement illisibles, noyées dans un trop-plein d’effets numériques censés appuyer les impressions de mouvements. Physiquement vertigineuses, ces séquences passent heureusement très rapidement. Mais le calvaire du spectateur est loin d’être terminé.
Également chargés de donner une crédibilité à la prison orbitale, en fait l’argument principal du film pour se démarquer des codes du film de prison, les effets numériques sont d’une pauvreté surprenante. Lock Out va jusqu’à se payer le luxe d’une séquence de combat spatiaux d’un ridicule gênant, autant par le manque de perception dynamique de ses metteurs en scène que par l’amateurisme des effets numériques. Voilà qui, dans une production Besson estimée à trente millions de dollars, laisse songeur.
Mais peut-être tout ceci était-il trop subtil pour un film tel que Lock Out. Parce qu’il faut dire qu’on n’est pas du tout dans la subtilité – le film sent bon et fort une testostérone virile et sans nuance. Dans le rôle du super agent badass Snow, Guy Pearce en fait des tonnes, avec comme modèle avoué le Snake Plissken de New York 1997 et sa suite. Mais Pearce n’est pas Kurt Russell, d’une part. D’autre part, les scénaristes ont semble-t-il une idée simple de la façon dont on crée un tel personnage : lui faire débiter un nombre impressionnant de lignes de dialogue à haute teneur en virilité. Dénués de la moindre finesse, d’une bêtise primaire hallucinante, les dialogues tombent universellement à plat.
Une conclusion s’impose : Besson produit beaucoup, et tout n’est pas à jeter dans son catalogue. Pour autant, il semble avoir envie de se constituer un département « films d’action caricaturaux et crétins » dénué de tout autre souci que celui de faire un profit maximal. Dans ce cas-là, mon bon Luc, pas la peine de mettre autant d’argent dedans – surtout si c’est pour que ce soit si mal utilisé à l’écran.