L’été apporte son lot de blockbusters. Comme pour tous les types de films, au milieu des très attendus ou redoutés, apparaissent ceux dont on se serait bien passé (Bitch Slap, la semaine dernière), ou qu’on oubliera aussitôt vus : Safe.
Voici donc un nouveau petit poids dans la catégorie des grosses machines, à ranger dans le genre du film d’action, tendance mafia. 30 millions de dollars de budget, un ersatz de scénario, des décors trop vus, des combats honnêtes. Seul point fort marketing : Jason Statham, alias Le Transporteur et une longue liste de films d’action plus ou moins regardables. À noter au passage, il sera au casting du Heat de Brian De Palma, à venir en 2013. Plutôt petit, large et athlétique, son corps supporte une trogne qui croise les yeux du quadragénaire honnête qu’on vient de léser, avec les mandibules d’un boxeur hargneux. Il peut ainsi, en d’infimes mouvements de sourcils et d’yeux, passer de la figure du type sympathique, à celle du tueur de sang froid. Son registre peut potentiellement passer d’un extrême à l’autre, à l’image d’un Bruce Willis : débonnaire ou buté.
Statham devient ici Luke Wright, ex-agent secret, qui, lors d’un combat de boxe, frappe un peu trop dur le mauvais adversaire et se retrouve persécuté par la mafia new-yorkaise. Sa femme meurt, on lui promet de tuer tous ses amis, et de toute façon il n’en a plus. Bref, il est au bout du rouleau.
Parallèlement, une petite surdouée chinoise est récupérée par une Triade pour retenir un chiffre phénoménalement long. La mafia russe, jalouse, s’en empare. Alors que les communautés s’empoignent dans un New York indifférent, l’enfant s’échappe. Luke Wright, qui s’apprêtait à faire une bêtise sous une rame de métro, remarque la gamine pourchassée, et canalise son amertume contre ses nombreux poursuivants internationaux.
Sur cette histoire dont tout le monde – équipe comme spectateurs – se moque du point de départ, le réalisateur Boaz Yakin colle un éventail de scènes de combat, après avoir listé tous les lieux incontournables de la capitale cinématographique. On ne tombera pas ici totalement dans le syndrome qu’évoquait Matthieu Santelli à propos de The Raid : quand le scénario est l’esclave de l’action. Plutôt dans celui du film qui court tant après ses grands aînés (des années 1970 et 1980, citons parmi tant d’autres, French Connection ou L’Année du dragon) qu’il reproduit platement tous les symptômes du genre. Lumières, décors, personnages de héros malheureux à la violence décomplexée, personnages secondaires de bandits, de chefs, de policiers corrompus…
Ne disons pas que Safe est mauvais, il a la beauté d’une statue de cire : matière nutritive pour certains fans, il passera pour pâle et figé auprès des autres publics. Dommage qu’il s’en tienne à son programme de reproduction, qu’aucun second degré ne vient rehausser. On le croirait pourtant un bref instant, quand apparaissent quelques notes du thème de Mission : Impossible. Ce n’est en fait qu’une version hommage, sage et organisée. Comme le film.