Les Américains sont cons, mais gentils. Les Parisiens sont des obsédés abrutis. Les Parisiennes (les pires), d’épouvantables dévergondées sans principe, ni sincérité, ni morale. Voilà le substrat intellectuel du premier film de Julie Delpy, dont la médiocrité agressive laisse pantois.
Après un voyage à Venise, Marion et Jack, résidant aux États-Unis, décident de rendre une petite visite aux parents de la demoiselle, à Paris, avant de repartir pour le pays de l’oncle Sam. Ce passage à Paris va catalyser les tensions dans le couple, et précipiter sa destruction, tandis que Jack découvre le passé honteux (et encore très actuel) de sa petite amie.
Paris, c’est bien connu, est une ville carte postale. Les courts du film-dépliant publicitaire Paris, je t’aime (à quelques exceptions près) s’étaient déjà engagés dans cette voie, mais force est de constater que peu de films ont été aussi loin dans la caricature grossière et gratuite que ce 2 Days in Paris – et plus rarement encore les films hexagonaux. Julie Delpy, interprète de Marion, un personnage dans lequel elle est très impliquée (serait-il (auto)biographique ?), semble ici vouloir régler des comptes, en premier lieu avec une caricature d’un Paris bourgeois dont on se demande où elle a pu le trouver. Ce n’est pas tant qu’il convienne de défendre les couleurs de la capitale, mais lorsqu’on se livre au difficile exercice de la satire, il appartient de le faire avec talent et finesse.
Mais talent et finesse ont déserté 2 Days in Paris. Dans une hargneuse volonté de démontrer sa perception viciée de la ville, Delpy rédige un scénario linéaire dont la seule surprise réside dans son extrême et prévisible platitude. Jack se rend compte que Marion lui ment, et que tel, et tel, et tel (et tel autre encore) de ses ex n’appartiennent pas totalement à son passé. Confrontée, la jeune femme s’embourbe dans ses mensonges pour finir par avouer : oui, elle n’est ni fidèle ni sincère. Mais le traitement du sujet du couple en déliquescence ne convainc pas, engoncé qu’il est entre de petites saynètes creuses et caricaturales sur le milieu beauf-bourgeois parisien, interprétées par des acteurs dont le jeu n’est manifestement pas maîtrisé par une réalisatrice sans doute obnubilée par sa bile revancharde.
D’un sujet potentiellement intéressant (pas original, mais qui avec un traitement visuel et scénaristique maîtrisé aurait peut-être pu susciter l’intérêt), Delpy réussit à ne tirer qu’une suite prévisible de saynètes creuses et énervantes à force de démontrer une volonté manifeste d’être cassante et cynique. À force de se prendre terriblement au sérieux, Julie Delpy oublie la légèreté qui sied à toute forme de critique et de satire. Finalement, 2 Days in Paris n’est réellement que le caprice parisophobe d’une gamine arrogante.