Pour la deuxième fois de sa carrière cinématographique, Éric Besnard touche à la réalisation en signant Ca$h, la nouvelle grosse production française, qui réussit certes le pari d’une création rythmée et dynamique mais s’encroûte dans un milieu ostentatoire beaucoup trop gratuit pour y trouver un intérêt suffisamment intéressant.
Cash est un arnaqueur. Charme, élégance, audace, il a tout… Y compris le sens de la famille. Aussi, quand son frère est assassiné par un mauvais perdant, il décide de le venger à sa manière. Sans arme ni violence, mais avec panache, tel était le souhait d’Éric Besnard. Il est difficile de faire un synopsis plus complet du film sans en dévoiler certaines clés scénaristiques, tant les rebondissements abondent d’un bout à l’autre du film.
Largement expérimenté en matière d’écriture, c’est avec une quinzaine de scenarii derrière lui (Le Convoyeur, Le Nouveau Protocole, Travaux…) qu’Éric Besnard se lance dans l’écriture de Ca$h, avec, pour trame de fond, l’arnaque et le récit d’un casse. Initialement, il fait part d’ambitions différentes de celles d’une grosse production hollywoodienne telle que celle d’Ocean’s Thirteen. D’après lui, ce sont des valeurs scénaristiques strictes qu’il se fixe, basées sur des bornes affectives, son but étant de retrouver les sensations de son enfance. Des sensations éprouvées en voyant un certain cinéma de la fin des années soixante. Un cinéma où les personnages étaient à la fois intelligents et légers. À en voir le résultat, le pari est loupé. Car malgré un choix de casting particulièrement judicieux, nous sommes loin des Delon, Gabin et Ventura de l’enfance de Besnard. Il a voulu, dit-il, « faire un film champagne ». Avec de telles ambitions, il est impossible de réunir l’aspect populaire si intéressant des films de gangsters d’autrefois. Ici de riches bourgeois évoluent et arnaquent d’autres bourgeois au cœur d’un milieu beaucoup trop somptueux, exubérant, à la limite de l’ostentatoire. La force de L’Arnaque ou de Butch Cassidy et le Kid n’aurait-elle pas été étouffée si ces références du genre avaient laissé entrevoir un luxe ostensible, injustifié et aveuglant ? Évidemment que si, tout le charme était dans l’intérêt de l’argent au cœur d’un milieu populaire alors que c’est ici sans grande utilité.
Scénaristiquement, Besnard réussit tout de même à tisser une intrigue complexe basée sur l’affrontement de différents personnages tout aussi arnaqueurs les uns que les autres. Par définition, l’arnaqueur se croyant plus intelligent que les autres et désirant le prouver, la confrontation entre chaque protagoniste nous projette devant une très forte dynamique. Truffé de rebondissements scénaristiques, Besnard joue avec le spectateur qui se laisse tout d’abord prendre au jeu et se fait surprendre toutes les dix minutes. Les rebondissements accentuent le dynamisme du film, pour nous tenir en haleine d’un bout à l’autre, bien qu’il y en ait un peu trop pour être vrai. Cette abondance devient alors excessive et laisse place à un scénario alambiqué qui assaille le spectateur d’informations dont il faut continuellement se méfier.
Le casting est attrayant, alliant glamour et séduction. Jean Dujardin réussit parfaitement à se détacher des rôles habituellement comiques ou ironiques en incarnant un malicieux arnaqueur de charme. Son succès actuel confortant évidemment toute l’image du charme qu’il dégage ici. Avec l’ensemble de son casting, Besnard ne pouvait qu’éviter les fausses notes. Chacun évolue parfaitement dans cet univers d’or et de paillettes.
Toute la dynamique du film se tient grâce à une réalisation extrêmement vivante par ses mouvements de caméra. Le rythme et les acteurs sont assez efficaces pour nous tenir jusqu’au générique de fin, sans pour autant apporter une grande originalité au genre. Pour les nostalgiques du genre policier des années 1960, contrairement aux souhaits initiaux du réalisateur, mieux vaut se diriger dans une autre salle. Voici un simple divertissement du dimanche après-midi pluvieux.