Recette pour émerveiller les tout-petits : une petite taupe facétieuse, entourée de ses amis grenouilles, oiseaux, lapins et singes, des aventures dans une forêt enchanteresse, des découvertes curieuses, une animation colorée et fluide, une musique enjouée, beaucoup de poésie et d’humour. Ce sont les ingrédients de La Petite Taupe, dessin animé tchèque en plusieurs épisodes, devenu un classique, restauré pour être enfin montré au public français.
Dans le monde un peu formaté du cinéma d’animation, souvent monopolisé par Disney-Pixar, quelques pépites sortent parfois du lot pour proposer une originalité rafraîchissante pour le jeune public. La Petite Taupe fait partie de celles-là. Créé par le peintre et illustrateur tchèque Zdeněk Miler, le personnage voit le jour en 1957 : cette année-là, le premier film de La Petite Taupe reçoit le Grand Prix du festival du film de Venise. Plus de cinquante épisodes seront ensuite réalisés jusque dans les années 2000. En République tchèque, la petite taupe est une véritable star, et de nombreux objets dérivés à son effigie se retrouvent dans les chambres des bambins. Zdeněk Miler le déclina aussi en livres pour enfants. Le succès des aventures de la petite taupe dépasse les frontières tchèques, et les films ont été diffusés en Allemagne, en Pologne, au Japon, en Chine, en tout dans plus de quatre-vingts pays.
Le programme qui sort sur nos écrans cette semaine propose six épisodes, restaurés, et inédits en France. Un programme joyeux et parfois rocambolesque, on l’on a plaisir à voir une taupe (personnage rare dans le dessin animé !) mise en scène. L’auteur en a eu l’idée en se promenant en forêt, et est parvenu à faire de cet animal plutôt laid et pas très sympathique un personnage adorable et attachant. Le graphisme aux traits simples confère à la petite taupe un côté potelé et un peu maladroit, avec ses grands yeux ouverts sur le monde et ses grosses mains vivantes. Avec ce style coloré et accessible, Zdeněk Miler crée un monde fantaisiste, recréant une forêt dense et riche. Tour à tour poétique (La Petite Taupe et l’étoile verte), drôle (La Petite Taupe au zoo, La Petite Taupe peintre), ingénieux (La Petite Taupe et le bulldozer) et habile à ouvrir les jeunes spectateurs à de nouvelles découvertes (La Petite Taupe et la radio, La Petite Taupe photographe), le dessin animé met en scène un monde enfantin simple et efficace, dans lequel les enfants gardent leurs repères. Ni fantastique ni inquiétant, le film s’adresse avant tout aux plus jeunes (accessible dès 2 ans), mais n’ennuiera pas les plus grands.
Il est par ailleurs toujours réjouissant et enrichissant de découvrir que ces six épisodes ont été réalisés entre 1968 et 1975, et qu’il n’est pas toujours besoin d’avoir recours aux dernières technologies, quant un simple dessin parvient à créer une telle possibilité d’aventures. Un dessin animé qui aiguisera sans aucun doute la curiosité des enfants, et leur donnera peut-être envie de découvrir d’autres films d’animation du monde entier. Dans la même veine, « Mon premier festival » (à Paris du 24 au 30 octobre), proposera encore cette année une programmation éclectique et de qualité, avec notamment un panorama de l’animation chinoise. À voir sans attendre !