Miroir vidéoludique du cinéma d’horreur (avec la saga Resident Evil), le jeu Silent Hill fut, en 1999, l’un des premiers signes de la perméabilité de la frontière entre le septième art et le jeu vidéo. Silent Hill, premier film du nom (2006, Christophe Gans), fut probablement, quant à lui, l’une des adaptations de jeu vidéo sur grand écran les plus pertinentes. Si le réalisateur restait affligé de ses tares habituelles – un amour des images léchées au détriment d’un véritable regard cinématographique, notamment –, il s’était cependant montré capable, grâce auxdites tares, justement, de convoquer à l’écran l’univers graphique proprement infernal des jeux originaux. Six ans plus tard, nous voici avec une suite, chapeautée par le scénariste-réalisateur Michael J. Bassett (Wilderness, Solomon Kane), à la raison d’être des plus nébuleuses.
Enquêtons donc. Silent Hill : Revelation serait-il une suite-remake, bien dans l’air du temps, destinée à conquérir un public jeune, qui ne saurait affronter les kitscheries de la génération précédente ? Pourtant, non : les effets spéciaux de ce nouvel épisode sont rigoureusement similaires à ceux du premier, et le catalogue d’horreurs ne tente pas de surpasser le canon du genre, instauré par les Hostel et autres Saw. Les effets sont ici à la fois moins contrastés (un choix de couleurs qui leur ôte beaucoup de leur pouvoir de fascination) et beaucoup moins sérieusement considérés (voir les infirmières assassines ou l’araignée-mannequin, intéressantes mais totalement incohérentes). Aucun argument-choc de ce côté-là donc, et Michael J. Bassett ne saurait sérieusement penser que six ans auraient suffi à effacer le premier épisode de la mémoire cinéphile collective.
Peut-être, alors, est-on en présence d’une tentative d’adapter l’univers du jeu à la 3D cinématographique, avec une utilisation pertinente, à la Derrière les murs ? Hélas, non : parfaitement inutiles, les effets de 3D de Silent Hill : Revelation ne sortent pas du catalogue d’effets de projections. Lames géantes, appendices monstrueux divers – toutes sortes de choses se baladent sous notre nez à moitié assoupi. Mais alors, que ne pensions-nous pas à l’évidence ? Serait-ce, tout bêtement, une suite ? Un récit prolongeant le premier volet de façon constructive ? Bon, admettons : c’était une blague. Entre les rappels lourds destinés à pallier l’absence d’intrigue cohérente et les scènes interchangeables, le scénario reste des plus nébuleux.
C’est triste : une seule hypothèse demeure, hélas la plus vraisemblable. Silent Hill 2 n’est manifestement qu’une tentative de réactiver une franchise qui pourrait, si le succès est au rendez-vous, devenir juteuse. L’opération, menée par Michael J. Bassett et l’infatigable producteur Samuel Hadida, ressemble fort à une reprise assurant le minimum syndical : scènes chocs (mais vides), stars sur le retour (ô, Malcolm McDowell, Sean Bean, Carrie-Anne Moss, qu’êtes-vous devenus ?) et star montante (Kit Harington, transfuge de Game of Thrones, toujours aussi inexpressif). En somme, tous les ingrédients d’un honnête film bis à l’ancienne, mais qui ne fait montre ni du talent, ni de la sincérité des canons du genre.