Il y a dans ce Marsupilami un peu du souffle d’Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre qui renaît. D’abord, bien sûr, parce que le duo d’acteurs sur qui tient l’humour du film est le même, mais aussi parce que la recette, maintes fois piteusement imitée entre-temps, est aussi la même, et parce qu’elle retrouve une certaine réussite. Il faut, certes, débarrasser le film de toute la quincaillerie habituelle du blockbuster d’humour français. Le genre convoque une cousinade de films que l’on préférerait oublier (quand on a eu la mauvaise idée de s’y déplacer), et qui vaudraient bien de se passer de la référence. Mais Sur la piste du Marsupilami est aussi un spectacle familial de qualité française, et bourratif il sera. Inutile de se demander si c’est l’option délibérément prise par Chabat où s’il n’a d’autre choix que de se plier aux cases du cinéma hexagonal à gros budget : la loi est dure, mais c’est la loi.
De quincaillerie, il est donc grandement question. Il faut déballer les décors, les effets spéciaux, bâtir un parc à thèmes à la va-vite et remballer. Le Marsupilami a un côté remplissage : dans sa façon non seulement de déployer la banalité kitsch de son univers visuel, mais aussi de fouler bêtement le parcours santé du genre : quelques invités « de marque » (et plutôt en fin de course), une ou deux chansons, des jolies filles, des gros gars musclés au cœur tout doux… On a déjà vu tout ça, mais il faut passer par là.
Pourquoi donc est-ce quand même drôle ?
Parce que toute cette galaxie de bibelots gravite quand même autour d’Alain Chabat – à Nul autre pareil. Tant il est vrai qu’il a souvent pu passer très près du ratage, il ne s’est jamais vraiment planté quand même (ce qui n’exclut pas d’avoir pris part à des plantages, mais d’y avoir quand même eu le beau rôle). Ici, au milieu de l’océan, il réveille les scènes vues mille fois avec la phrase qu’il leur faut, et son ton désabusé n’a pas pris une ride. Jamel, quant à lui, retrouve une fraîcheur qu’on croyait définitivement tarie chez lui. Entre les deux comiques passent les meilleures scènes du film, loin des invités de la télé, de la grosse production : une finesse de jeu toute bête, et qui fonctionne très bien. C’est un petit voyage dans le temps inespéré : un réalisateur plus trop acteur ces dernières années, un comique en roue libre qui ne nous faisait plus rire depuis longtemps, et voilà que tous deux, réunis, resortent d’eux leurs meilleurs ingrédients comiques, et font tenir tout un film sur leurs épaules.
Bien sûr, l’autoréférence plane : elle est de bonne guerre. C’est le retour de Chabat dans un sous-genre de la comédie qui a été presque initié par lui et qui n’a pratiquement rien fait de bon en son absence. Sur la piste du Marsupilami fleure donc le déjà-vu, et s’autorise même quelques pures citations. On les excuse vite, parce qu’au delà d’un simple air de famille, on retrouve aussi un plaisir enfantin qui se fait rare : à la sortie de la salle, se rappeler des meilleurs dialogues du film, et ne pas tout de suite les écouler.