Le rapport commandé par l’ancienne ministre de la Culture, Fleur Pellerin, et signé par Jean-François Mary, Président de la Commission de classification des œuvres cinématographiques, préconise un assouplissement des interdictions de films aux mineurs.
Depuis Baise-moi de Virginie Despentes sorti en 2000, une dizaine de films ont écopé d’une interdiction aux moins de 18 ans à cause « de scènes de sexe non simulées ou de très grande violence ». Les plus récents (Love de Gaspard Noé, Antichrist de Lars Von Trier, etc.) ont subi l’interdiction, après leur sortie, suite à un recours judiciaire de l’association Promouvoir, proche des milieux catholiques traditionalistes.
Hier, la nouvelle ministre de la Culture, Audrey Azoulay, a promis de publier un nouveau décret pour assouplir ce régime en vigueur (qui existe depuis 2003) et pour empêcher la multiplication des recours en justice. Pour rappel, la décision d’interdire tel ou tel film aux mineurs revient au ministre de la Culture, qui se prononce après un avis consultatif de la commission de classification des films. Le nouveau décret « permettra à la commission de classification d’apprécier l’effet perturbant que peut avoir un film sur les jeunes spectateurs, et d’éviter ainsi toute automaticité du classement des œuvres » a expliqué la ministre de la Culture.
Suppression du critère « sexe non simulé »
Audrey Azoulay souhaite suivre l’avis du rapport de Jean-François Mary en supprimant la référence au « sexe non simulé ». « Le critère de la non-simulation a perdu son intérêt au cours des récentes années. Une scène peut être tout à fait explicite à l’écran tout en ayant été simulée lors du tournage », précise le rapport. Autrement dit, cela n’entrera plus en ligne de compte pour interdire un film.
Le rapport se focalise davantage sur « l’effet produit sur des jeunes spectateurs » et propose donc d’interdire aux mineurs un film qui « comporte, sans justification de caractère esthétique, des scènes de sexe ou de grande violence qui sont de nature, en particulier par leur accumulation, à troubler gravement la sensibilité des mineurs, à présenter la violence sous un jour favorable, ou à la banaliser ».
Une interdiction aux moins de 14 ans
Une autre piste du rapport vise à créer une interdiction intermédiaire aux moins de quatorze ans : « la classe d’âge entre seize et dix-huit ans correspond à une étape importante du développement de l’individu sur le plan de l’autonomie personnelle et psychologique, et la classification appliquée doit respecter un équilibre entre la maturité et la fragilité des individus à cet âge de la vie », précise le rapport. La ministre de la Culture a tenu à rappeler l’importance « des enjeux financiers » pour ces films, dont l’interdiction aux mineurs peut remettre en cause leur rentabilité et leur exploitation commerciale. Ces nouvelles propositions pour modifier le Code du cinéma doivent désormais être examinées par le Centre National du Cinéma.