Courrier des lecteurs
Bonjour,
Je voudrais réagir à votre critique sur la première partie du dernier volet de Harry Potter, pas spécialement par contradiction, mais plutôt pour parler d’un autre aspect : ce que Harry Potter a de générationnel et comment les films tirent leur épingle du jeu. Avant toute chose, j’ai 19 ans. Je suis en plein dans la génération Harry Potter, celle qui a quasiment découvert la littérature avec ces livres, véritables passerelles qui ont su grandir avec nous et nous ont peut être même amené vers une autre littérature (voire par exemple, dans certains cas dont le mien, à lire en anglais ! Mais je m’éparpille).
Sans extrapoler trop dangereusement on peut au moins repérer sans se mouiller plusieurs terrains sur lesquels J.K. Rowling a énormément fait évoluer sa création au fil des tomes. D’abord l’atmosphère, de plus en plus sombre, et même froide, avec une idée de désespoir tout à fait indissociable des deux ou trois derniers volumes : piliers narratifs qui s’effondrent (Sirius, Dumbledore, Poudlard…), morts de plus en plus fréquents… Ensuite les sujets abordés, qui retracent très clairement une petite histoire d’adolescence, marginalité, intrigues sentimentales secondaires, puis quasiment centrales. Autant dire pour résumer qu’en lisant Les reliques de la mort, on n’avait pas vraiment l’impression de lire la suite même très indirecte de ce livre pour enfants qu’était L’école des sorciers, dévoré dix ans plus tôt.
Les films ont suivi la même trajectoire, mais peut être pas assez. J’ai parfois ce sentiment un peu égoïste que dans le cas d’Harry Potter, cœur de cible commercial ou pas, ma génération devrait être le destinataire privilégié des films, dans la mesure où les livres nous appartiennent un peu. Plus que tout autre lectorat nous avons grandi avec eux et entretenons avec la série un rapport assez particulier. C’est de la sociologie de cuisine, mais quand je réalise que le film ne s’adresse plus à moi, je me sens bel et bien destitué.
C’est malheureusement un peu le cas. Les effets sont plus que grossis, les informations sont répétées, on piétine souvent dans des redondances. De A à Z, le film est un film pour ados. La série des adaptations, curieusement, a eu une sorte de crise de croissance à partir du quatrième volet, et tout est maintenant plus ou moins figé dans ce ton teenage fantastic.
Bien sûr, ça ne gangrène pas la qualité du film. C’est vraiment un blockbuster très réussi, David Yates parvient à imposer de beaux choix de mise en scène qui ne sont pas monnaie courante dans cette catégorie de films. Il sait poser sa caméra, a un certain sens du cadre et c’est très agréable. La scène d’introduction est au poil. Le film prend bien le temps de tout développer, et les temps morts sur lesquels tout le monde tombe sont peut être ce qui manquait à certains épisodes précédents.
Mais je ne m’étendrai pas plus sur le reste du film, vous l’avez très bien fait. Bravo pour votre travail !
Théo R.
Lire l’article d’Ophélie Wiel, qui s’est très bien étendue sur le reste du film : Harry Potter et les reliques de la mort