Voici le deuxième long-métrage de Tariq Teguia – primé à Entrevues en 2007 avec Rome plutôt que vous. Ce film « raconte » l’histoire de Malek, Topographe, qui accepte un travail dans l’Ouest de l’Algérie. C’est l’occasion pour lui de fuir sa vie quelques temps pour se diriger vers une liberté radieuse qui semble échapper à un pays qui rêve encore d’une réelle démocratie. Teguia nous livre une œuvre lumineuse qui est en véritable cohérence formelle avec son sujet. Dans une grande partie du métrage, Malek semble confiné dans des lieux étroits, illuminés par des rayons de soleil qui traversent quelques ouvertures. L’ouverture est ainsi l’une des figures principales du film ; peu à peu elle s’agrandit pour aboutir sur une fin solaire. Notre « héros » est aussi filmé le plus souvent derrière des obstacles visuels – des vitres par exemple – ou enfermé dans des cadres dans le cadre, jusqu’à ce qu’il atteigne une libération en s’enfonçant dans un désert dénué de barrières. Ce chemin, il le fait avec une jeune migrante d’Afrique noire, qu’il rencontre lors de ses déambulations existentielles. Un beau symbole, qui résume cette volonté du personnage principal d’aller vers d’autres terres et d’élargir ses idées. Cette femme lui ouvre d’autres perspectives, signifiées par des plans où l’horizon est flou et incertain. Cette œuvre dégage alors un véritable sentiment de recherche d’une liberté lumineuse. Ce film est également très moderne : il rappelle parfois l’œuvre d’Antonioni, notamment par une mise en scène des temps morts qui deviennent des purs blocs de temps. En somme, Gabbla est un beau film existentiel et solaire qui n’oublie pas de disserter sur la société algérienne.