James Caan

Du 5 au 17 décembre 2018

Une virilité ironique

Il y a lieu d'être particulièrement excité à l'idée de recevoir un comédien qui a travaillé avec le dernier grand cinéaste hollywoodien classique. C'est, en effet, dans deux films, signés Howard Hawks, Ligne Rouge 7000 (1965) et El Dorado (1967) que l'on découvre James Caan. Il sera une des dernières trouvailles de l'auteur de Rio Bravo, toujours en quête de figures masculines nouvelles. Il est dans le premier l'ombrageux et jaloux coureur automobile. Dans le second, il est Mississipi, jeune partenaire d'aventure d'un John Wayne plus que mûr, lanceur de couteau et tireur maladroit, silhouette tout à la fois virile et comique.

Il est né à New York, le 26 mars 1940. Sa jeunesse sera marquée par les nombreux sports qu'il pratique, du football au karaté en passant par le rodéo, où il se taille une certaine réputation. Entamer une carrière de comédien l'attire tout autant et il débute dans quelques pièces Off-Broadway après des études au Sanford Meissner Neighborhood Playhouse. Il y eut un peu de figuration au cinéma et beaucoup de télévision avant que Hawks ne le repère. En 1969, c'est au tour de Francis Ford Coppola de lui proposer un rôle important dans Les Gens de la pluie. Un téléfilm à succès, Brian's Song, accroît sa popularité en 1971. Juste avant qu'il ne se retrouve à nouveau devant la caméra de Coppola pour incarner Sonny Corleone dans Le Parrain, gangster tempétueux perdu par sa propre colère.

Les rôles physiquement exigeants le propulsent vers le vedettariat. La fable d'anticipation Rollerball (1975) de Norman Jewison en fait une sorte de gladiateur des temps futurs. Peckinpah lui donne l'occasion, dans Tueur d'élite (1975), de pratiquer l'art du karaté, où il excelle, dans un film sur l'amitié virile et la trahison. Il compose avec Alan Arkin un duo comique et brutal dans Les Anges gardiens de Richard Rush (1974) alors que l'Anglais Karel Reisz lui confie un rôle intense de joueur compulsif dans Le Flambeur, la même année. Il fera même un détour par le cinéma de Claude Lelouch (Un autre homme, une autre chance) en 1977.

C'est à Michel Mann que l'on doit son retour en 1980, après un bref passage à vide, dans Le Solitaire, où il incarne un cambrioleur à la fois surdoué et mélancolique, pris au piège d'une fatalité de film noir remise au goût de son époque.

James Caan continue une carrière marquée par des apparitions qui sont autant de défis à son image, celle d'un personnage viril et ironique à la fois. Il ne dédaigne pas le tour de force masochiste que lui offre Misery en 1990, adaptation par Rob Reiner d'un roman de Stephen King ou la farce burlesque aux côtés d'un Will Ferrell (Elfe). Les grands auteurs contemporains font appel à lui comme James Gray pour The Yards et Lars von Trier pour Dogville, où toute une mémoire du film de gangster américain passe dans une prestation inoubliable de dureté et de cruauté.

Il a été vedette de la série télévisée Las Vegas de 2003 à 2008. Il sera à l'affiche du film d'Amanda Sthers, Holy Lands, que la Cinémathèque montrera en avant-première.

Jean-François Rauger

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