Deux amoureux de 14 ans découvrent les affres et émois du premier coup de foudre, mais appartiennent malgré eux à deux bandes rivales qui se sont vouées une haine éternelle. Cela vous rappelle quelque chose ? Non, ne fuyez pas ! Malgré les apparences, 14 ans, premier amour, n’est pas une énième version rock’n’roll de Roméo et Juliette. Au contraire, ce long métrage venu de Russie propose une vision juste et subtile de l’adolescence et de ses jeux innocents qui l’entraînent petit à petit vers le monde des adultes. Une belle surprise.
Lyosha, petit blondinet de 14 ans, vit seul avec sa mère dans un HLM miteux d’une petite ville de Russie. Régulièrement, ses camarades de lycée se castagnent avec les élèves d’un lycée voisin. Problème : Lyosha tombe fou amoureux de Vika, petite blondinette de 14 ans, qui appartient à la bande ennemie. Les obstacles insurmontables ne lui font pas peur – il faut dire que Vika est bien sexy sur ses photos Facebook – et il conquiert progressivement le cœur de cette jolie ado très courte vêtue…
À première vue, 14 ans, premier amour, se complaît dans une vision peu reluisante de la Russie contemporaine : violence d’une jeunesse désœuvrée, tout aussi sympathique qu’un groupe de skinheads ; alcoolisme rampant (raison de la séparation entre la mère de Lyosha et son père) ; tristesse sinistre de ces barres de HLM néo-communistes et vulgarité d’une adolescence déjà bien trop obnubilée par sa sexualité… La force du film est de dépasser ces clichés qui se révèlent rapidement n’être qu’un outil scénaristique pour faire contrepoids au véritable sujet du film, soit la naissance de la première passion amoureuse et une entrée dans l’âge adulte tout aussi tendre et douce que le monde extérieur est violent.
Jeux d’enfants
C’est tout à l’honneur du réalisateur Andreï Zaïtsev, dont c’est le troisième long métrage, d’avoir gagné le pari de la justesse quand on aurait facilement pu s’attendre à le voir tomber dans la mièvrerie ou le fantasme de l’adulte cherchant à recréer un passé idéalisé. Épousant régulièrement le point de vue du jeune héros, il s’attarde sur les corps en fleur des adolescents, comme dans ce joli plan sur le décolleté de Vika, où la peau de la jeune fille semble involontairement appeler le désir de Lyosha. Zaïtsev s’amuse aussi, sans juger et avec une grande délicatesse, de leurs visages volontairement vides d’émotions et de leurs gestes maladroits cherchant à dissimuler les restes d’une enfance encore si proche, pour « faire comme les adultes ».
La relation entre la mère de Lyosha et son fils est tout aussi réussie parce qu’elle est traitée avec la même pudeur que le cinéaste accorde à l’histoire d’amour des deux adolescents. Légèrement paumée, sans jamais en faire trop, la mère tente tant bien que mal de s’attribuer le rôle que le père absent aurait dû jouer, sans bien entendu jamais y parvenir. Lorsqu’elle constate que ses efforts ont été vains, ses larmes n’ont pas l’accent du désespoir, mais de la tristesse universelle d’une mère qui comprend qu’elle ne sera plus l’unique femme dans la vie de son fils. C’est simple, certes. Mais c’est tout aussi beau.