Terry Jones, membre des Monty Python et réalisateur attitré de leurs longs métrages, profite de l’occasion d’un nouveau film pour réunir brièvement la bande de comiques anglais. Ceux-ci y font plusieurs apparitions sous la forme d’extraterrestres belliqueux dominant l’univers, et qui décident, après la découverte de l’existence de la Terre, de lui donner un peu de sursis en mettant à l’épreuve un de ses habitants. Cette porte d’entrée dans le récit – en plus de révéler à quel point la bande à Terry Jones est maintenant confinée à une sorte d’Olympe poussiéreux, fait d’apparitions en guests et de gags cheap – vient lancer le film sous l’égide d’une petite fable de la bonne morale, angle aigu qui ne fait que retenir le potentiel comique du nouveau venu dans la clique : Simon Pegg.
Car le postulat, déjà rebattu (souvenez-vous des Bruce tout-puissant et consorts), propose de remettre entre les mains de Neil Clarke, enseignant timoré, le pouvoir de faire, comme l’indique le titre du film, « absolument tout ». Ce que Neil ne sait pas, c’est que la valeur de ses actions va être jugée par les extraterrestres, et décidera du sort réservé à la Terre. Ou comment faire passer tout le potentiel absurde – non-sensique dirait-on, en référence aux Monty Python – de ce récit par le chas d’une aiguille qui remettra, in fine, tous les éléments correctement à leur place.
Ça passe ou ça casse
Ce parti pris vient ainsi réduire les possibilités de jeu pour Simon Pegg, qui se limitent à une pantomime rébarbative, symbolisée par ce geste répété ad nauseam – un revers de la main servant à faire usage de son pouvoir. Un geste qui résume bien le mouvement du film, une sorte de gros zapping indigeste, où un gag vient en remplacer un autre de manière totalement interchangeable – Terry Jones se faisant ici plutôt l’apôtre du « Ça passe ou ça casse » que d’une économie réfléchie de moyens. Rien n’accroche véritablement, et les enjeux du récit (conquérir le cœur de sa voisine, se débarrasser d’un ex encombrant) n’arrangent rien à l’affaire, tant ils lancent le film sur des rails prédéterminés.
En somme, tout est ici trop cadenassé pour réussir à tirer le film vers la folie qu’il semble pourtant appeler de ses vœux. Il manque un peu de « sauvage » dans la conduite du récit, hypothèse qu’un élément (le personnage du chien) vient tant soit peu accréditer. Car ce chien doué de parole est le symbole même d’une nature qu’on ne maîtrise pas, qui déborde et fait fi des règles établies – voir la conclusion du film – et par là offre à Absolutely Anything ses moments les plus surprenants. Pas étonnant de constater que cette voix prêtée à l’animal est interprétée par Robin Williams (ici dans son dernier rôle), qui fut l’un des acteurs les plus incontrôlables d’Hollywood – il suffit de voir ses apparitions télévisées chez David Letterman ou ses spectacles de stand-up pour s’en convaincre. À entendre le tourbillonnant Robin Williams, on se dit qu’Absolutely Anything aurait mérité d’ouvrir sa narration aux quatre vents.