Dans son nouveau documentaire, Ivan Castellano semble s’intéresser à la lutte contre le cancer. Le film a été co-produit pas les associations AFITCH-OR (Association Française des Infirmier(e)s de Thérapie Cellulaire Hématologie Oncologie et Radiothérapie) et AVEC (Association Vivre, espoir contre le cancer), et souhaite donc présenter une autre image des services hospitaliers, et en particulier du métier d’infirmière.
Ivan Castellano a déjà réalisé plusieurs documentaires et films institutionnels consacrés au monde de la médecine (Entre technique et humanité, Une plateforme, une aventure, Nos réussites collectives). Pour son nouveau film Au cœur du combat, il a passé quatre mois dans les services d’hématologie, oncologie et radiothérapie du CHU de la Pitié Salpêtrière de Paris, où il a suivi six patients. La caméra se trouve le plus souvent dans la chambre des malades et filme avec pudeur leur relation avec le personnel soignant. Une voix-off (Patrick Bruel) apporte quelques renseignements sur le diagnostic et l’évolution du cancer chez les patients. La caméra reste en retrait, et on ne sait pas grand-chose de ces patients, dont seulement deux se confient brièvement. Il est d’ailleurs surprenant de constater une quasi-absence des familles. Serait-ce parce que nous sommes dans des services stériles où les conditions de visite sont très strictes ? Le film ne le précise pas. Les patients sont soignés dans différents services qui sont signalés par des sous-titres. Là encore, difficile pour le spectateur néophyte de s’y retrouver et de saisir la spécificité de chacun. Mais peut-être que là n’est pas le but du film…
Au cœur du combat cherche surtout à montrer une image valorisée du métier d’infirmière. C’est ce que confirme le dispositif final, où les infirmières rencontrées tout au long du documentaire parlent l’une après l’autre face caméra sans gants ni blouses du sens de leur métier, qui se situe entre savoir faire et savoir être. Là, le film apporte vraiment un nouvel éclairage sur la profession : la quantité de connaissances médicales demandées est telle que par moments on en arrive à se demander s’il s’agit toujours d’une infirmière qui s’occupe du malade. L’infirmière soigne le patient, mais elle tisse également une relation humaine forte avec ce dernier, ce que la caméra a bien capté dans telle ou telle séquence lorsque l’infirmière prend le temps de parler avec le malade, de lui prendre la main et de l’écouter. L’importance de la relation humaine est, pour le coup, moins une découverte. Mais peut-être s’agissait-il de rappeler qu’il est possible de bien pratiquer ce métier en ces temps où il est plus courant de voir des images d’infirmières débordées par la paperasserie et le nombre croissant de patients ? Pour créer des vocations ? Sans doute…
Il est tout de même dommage que le film n’aborde pas le sujet de façon plus politique et sociale, en s’interrogeant sur les conditions de travail des infirmières. Ivan Castellano cherche-t-il à dénoncer le manque de considération que la société réserve à cette profession ? C’est possible, mais alors cette dénonciation est trop timide et laisse une trop grande part d’interprétation au spectateur. Au cœur du combat n’est pas un documentaire sur le cancer, mais un hommage aux infirmières travaillant dans les services de cancérologie.