Twister de Jan De Bont, c’était il y a – préparez-vous au coup de vieux – dix-huit ans. Là où la très grande majorité des remakes et autres reboots récents tiennent avant tout de l’absence d’inspiration, Black Storm se propose de remettre au goût du jour le film catastrophe tempétueux, avec des effets spéciaux beaucoup plus convaincants. De ce point de vue, c’est très réussi. Pour le reste, rien de neuf au pays des clichés narratifs.
« On va être des célébrités sur YouTube ! »
Nous voici donc sur les pas d’une équipe de documentaristes chasseurs de tempêtes. À la tête de l’équipe, Pete le réalisateur est sans pitié : il faut tout faire pour avoir les meilleures images, y compris plonger au cœur de la tempête avec le Titus, son tank personnel, capable de supporter des vents de 270 km/h. Eh bien, sois content, Pete le réalisateur : tu vas être servi ! En effet, une tempête d’une force colossale va se déchaîner sur une petite ville américaine, pleine de gens aux préoccupations très américaines (foncer en kart dans une piscine pleine d’essence en feu, ou enfin trouver le courage de parler à la fille qui nous fait rêver, par exemple), et notre équipe et son Titus vont être de la partie. Joie.
D’un côté, le Titus est bardé de caméras, et les membres de l’équipe de tournage ont leurs propres appareils. De l’autre, deux rednecks (les types de l’histoire de piscine en feu) filment tout ce qu’ils peuvent pour devenir les rois du clic sur YouTube, tandis qu’un jeune homme tente de séduire la fille de ses rêves en filmant son projet de fin d’année, et son frère assure l’enregistrement de la cérémonie de remise des diplômes au lycée local. Tout ça pour dire, le lecteur l’aura compris : on est en présence d’un found footage ! Joie sans partage. Très rapidement, pourtant, le réalisateur Steven Quale (déjà auteur du spectaculaire et rigolo Destination finale 5) perd toute contenance, et les points de vues s’enchaînent sans la moindre logique. Pourquoi faire du found footage, dans ce cas ? Passons : manifestement, on s’en fout, on est là pour les images de tempête.
Fwouff
Nous rentrons donc dans le vif du sujet : les effets. Ils sont formidables, très impressionnants, et pour peu qu’il y ait un petit passage pluvieux au moment où les spectateurs sortiront de leur salle, gare aux crises d’angoisse. Heureusement, d’ailleurs, que ces effets sont réussis, car il ne faut guère compter que sur eux pour assurer le minimum de frisson, le film ayant manifestement décidé d’épargner ses personnages – quand un monstre venteux tel que celui présent dans le film devrait faire des centaines de victimes.
Il le faut bien, cependant : on aura quelques victimes au compteur. Mais bien sûr, ce seront des victimes morales : qui aura à cœur de sauver sa famille, sa copine, le vieux monsieur d’à côté avec son arthrite, voire le chien dudit monsieur, sera évidemment épargné. En revanche, les esclaves de la réussite, les méchants qui mettent en danger les autres – fwouff ! D’ailleurs, la tempête semble n’être là que pour le châtiment des vilains – une sorte de manifestation divine, en somme. Entre le sentiment étrange suscité par cette bêtise thématique, le découpage calamiteux, les dialogues ultra-convenus, Black Storm laisse son spectateur légèrement atterré. Mais on s’en fout, on est là pour les images de tempête.