Sur fond de musique de Scratch Massive, la scène d’ouverture-générique de Broken English augure un certain rythme. Nora, New-Yorkaise et célibataire, se prépare pour la soirée d’anniversaire de mariage d’un couple d’amis. Son désarroi de trentenaire en quête de Prince Charmant sera au centre de ce premier long métrage, qui ne propose ni trame, ni mise en scène, ni rythme intéressants.
Dès la soirée de la première scène, la problématique de Nora est posée lourdement. Le discours du couple qui fête ses cinq ans de mariage insiste sur le bonheur conjugal, tandis que la protagoniste s’efforce de faire bonne figure pour cacher son amertume, doit justifier son célibat et esquiver le discours stéréotypé de sa mère (Gena Rowlands, à qui le rôle n’offre pas grande possibilité de dégager quoi que ce soit d’intéressant). Très vite, on s’ennuie de cette intrigue et situations maintes fois vues (Nora se confie à sa meilleure amie, s’ennuie au travail, a deux aventures passagères, se désillusionne), auxquelles aucun éclairage nouveau n’est apporté, la mise en scène étant également dénuée de toute recherche.
La problématique du couple, l’incapacité à le créer ou ses méandres, est grossièrement omniprésente : les coïncidences sont souvent lourdes, le scénario démontre paresseusement qu’il est bien difficile de trouver l’âme sœur. Après l’anniversaire de mariage où l’on discute essentiellement du célibat de Nora, cette dernière rencontre un acteur qui lui fait des promesses. Comme par hasard, elle l’entend à la télévision parler de sa merveilleuse fiancée, ce qui la plonge de nouveau dans le désespoir. Comme par hasard aussi, c’est au moment où il sort du cinéma avec Nora qu’un amant potentiel croise son ex petite amie, ce qui met fin à toute suite. Ces invraisemblances empêchent de croire en l’histoire de Nora.
Et puis enfin, miracle, au moment où elle n’y croit plus, la jeune femme rencontre son Prince, Julien (Melvil Poupaud), frappé d’un coup de foudre. Nora est pour un temps sauvée, le film l’est aussi en partie. Aussi stéréotypés que soient le rôle et les paroles de Poupaud, son jeu rend son personnage assez juste, voire attachant, on aurait presque envie de croire en l’idylle des amants. Nora devient aussi plus intéressante, lorsque sa peur de l’engagement la paralyse physiquement. On adhérerait à sa fragilité hystérique si le jeu de Parker Posey n’était pas alors excessivement grimaçant.
Nora laisse Julien repartir en France, avant d’aller le rechercher, accompagnée de sa meilleure amie. L’occasion de transporter les clichés new-yorkais à Paris, de proposer une énième image de la Tour Eiffel et autres Champs-Élysées perçus par deux touristes, de ces dernières faisant du shopping de luxe… D’inintéressant, le film devient franchement agaçant, avant d’atteindre à la toute fin le comble du ridicule.