Pourtant convoqué par le titre du film, le tube de Taxi Girl ne fait pas partie de la bande son de Chercher le garçon, plutôt ponctué de petites mélodies pop qui sont à son image : légères, acidulées, mais vite oubliées. De fait, la modestie et le charme réel de cette œuvre très courte (à peine une heure dix) ne parviennent pas à compenser la superficialité de son discours.
Lasse d’être seule, une trentenaire s’inscrit sur un site de rencontres par internet et se lance à la recherche du prince charmant. Sa quête est le sujet de ce premier film qui bénéficie de son économie fragile, l’absence de moyens s’accordant parfaitement à l’absence de prétention. Le tournage en extérieur dans un Marseille solaire et le recours à l’improvisation (beaucoup de scènes n’étaient pas écrites à l’avance) confèrent par ailleurs à Chercher le garçon un naturel et une spontanéité a priori rafraîchissants.
Le film est une suite de saynètes assez inégales, toutes plus ou moins ouvertement cocasses et décalées : chaque rencontre est traitée comme un petit sketch pendant lequel les comédiens (plutôt bons dans l’ensemble) vont tour à tour s’évertuer à séduire la belle. Leurs caractères sont dessinés à gros traits : on trouve ainsi le libertin, le romantique, le gentil loser, le timide, le pas fiable, le régressif, etc. Le regard sur les travers et le narcissisme de la gent masculine pourrait paraître joliment cruel et désenchanté, si cette catégorisation ne semblait directement extraite des pages psychologie d’un magazine féminin.
Au milieu de la parade amoureuse dont elle est l’enjeu, l’héroïne s’avère étonnamment passive – voir par exemple la scène où elle se prête aux jeux pervers d’un inconnu aux fantasmes grotesques. Le personnage principal est le point aveugle du film : c’est une femme générique, sans passé, sans soucis bassement matériels, sans personnalité, dans laquelle la spectatrice trentenaire, active et célibataire, cœur de cible de Chercher le garçon, est invitée à se projeter. Malgré son interprétation par une comédienne attachante, Sophie Cattani, ce personnage finit par être irritant à force d’indétermination.
Si le film capte l’air du temps (les rencontres par internet ne sont pas un sujet neuf mais restent très peu traitées dans les fictions françaises), c’est un peu malgré lui. Il est victime de l’idéologie de la consommation amoureuse qui transparaît notamment dans les publicités pour les sites de rencontre : on choisit son partenaire comme un produit dans un supermarché, que l’on teste pour en apprécier les défauts et les qualités, puis que l’on remplace par une autre marque dès que l’on n’en est plus satisfait. Malgré un dénouement dont le romantisme artificiel jure avec le reste du film, Chercher le garçon finit par refléter une vision assez triste et déprimante des rapports amoureux contemporains.