C’est peu dire que le film d’Agathe Riedinger est brut, mais pour le diamant, on repassera : portrait poético-misérabiliste d’une influenceuse du sud de la France rêvant de rejoindre le casting d’une émission de télé-réalité, Diamant Brut est biberonné à une esthétique vaguement héritée des Dardenne ou de leurs épigones (la réalisatrice cite Andrea Arnold comme inspiration), mâtinée d’envolées élégiaques griffées d’un insupportable crincrin. Le programme du film est contenu dans son titre : de l’univers superficiel de Liane – son ambition affichée est de devenir la Kim Kardashian française –, le film entend tirer une certaine grâce. Au rap se substitue alors le violon, aux paillettes des panoramas du ciel et aux flux des réseaux sociaux des inscriptions à même l’écran qui prennent l’allure de sentences liturgiques.
Le personnage campé par Malou Khebizi n’est pourtant pas dénué d’intérêt : il faut voir le soin avec lequel Liane prend au sérieux sa quête frivole, la minutie de ses gestes et l’assurance dont elle fait preuve, pour se rendre compte qu’il y avait là matière à brosser le portrait d’une professionnelle acharnée. Mais la piste intéresse assez peu Riedinger, qui préfère insister grossièrement sur une interprétation psychologique toute trouvée : si Liane veut à ce point être aimée, c’est parce que sa maman ne s’est jamais vraiment occupée d’elle. La condescendance dont cette dernière témoigne à l’égard de sa fille et de ses rêves de grandeur est au fond celle du film lui-même : il n’envisage l’imaginaire froufrouté de la bimbo que pour opérer une transmutation vers une matière bien plus noble. Autrement dit, le carbone, c’est le personnage, et le diamant qui en émerge, grâce à l’action de la cinéaste, c’est le film. Comment dès lors s’étonner que ce dernier soit en toc ?