C’est donc au tour d’Universal (aidé par Ron Howard producteur) de sortir un film estival destiné au public enfantin en adaptant Georges, le petit curieux, personnage issu de romans à succès des années 1940, co-écrits et illustrés par Hans Augusto Rey et Margret Rey. Cette dernière a d’ailleurs donné son accord pour que les dessins originaux soient à la base de l’animation. Et puisque ce récit est tout entier tourné vers l’avant-guerre, le réalisateur Matthew O’Callaghan (scénariste notamment de Basil détective privé) a opté pour la forme traditionnelle: le dessin animé. Bien lui en a pris, car des couleurs chatoyantes à l’animation délicate en passant par la représentation des personnages, Georges le petit curieux est d’une composition simple mais efficace.
Enfin… un dessin animé où les animaux ne parlent pas, où les insectes ne jettent pas des sorts sur les enfants, où les voitures ne chantent pas… enfin. C’est dire que ce premier soulagement passé, Georges le petit curieux réserve quelques menues surprises tant dans l’évolution du récit que dans la présentation des personnages.
Ted n’a donc qu’une passion: l’archéologie et son rôle de guide dans un vieux musée le satisfait pleinement. Bien évidemment, à l’ère moderne, dans ce temps où les enfants jouent à des jeux vidéo et se mailent à longueur de journée, le musée Bloomsberry est totalement décalé. C’est d’ailleurs dans ce décalage que se situe le petit problème du film: tiré d’un roman de 1941 et transposé en l’année 2006, Georges, le petit curieux joue sur deux époques sans réussir à choisir l’une ou l’autre; les enfants sont donc très modernes (internet, GameBoy,…) tandis que les adultes sont encore, eux, restés très vieillots (des vêtements portés à l’aspect un peu colonial qui se dégage de certains plans en passant par un Ted qui prend le cargo au lieu de prendre l’avion!). Donc, ce musée est tellement désuet que le directeur est dans l’obligation d’en fermer les portes. Ted part alors en Afrique chercher une idole géante de la tribu Zagawa, immense totem propre à relancer l’affluence au musée. De retour dans son pays, Ted ne ramène pas la gloire et la fortune mais bien un minuscule singe. Et ce petit primate est aussi facétieux et décidément très curieux. Son sens de l’observation, ses insupportables bêtises, son besoin de tendresse en font davantage une peluche qu’un être vivant et le dessin, de la ligne à l’articulation, compose une adorable créature au pelage lisse et sans aspérité mais qui fonctionne à merveille. Il en va de même avec tous les protagonistes de ce récit qui, de Ted à la jolie Maggie, ne sont pas de naïves caricatures et possèdent une personnalité. Les silhouettes sont reconnaissables de suite et n’exagèrent pas la possible opposition entre le monde animal (les gros éléphants et les fluettes girafes) et le monde humain (l’obèse cantatrice et la fine institutrice).
L’efficacité visuelle se retrouve également dans le travail du décor et l’application des couleurs: ces mondes qui ne sont pas à découvrir dans le récit le sont forcément par nous car des plantes aux gratte-ciel, le luxe apporté aux lignes qui démarquent chaque objet attire le regard. Bien sûr, quelques références cinématographiques (des dessins animés des années 1940 à l’image de King Kong en passant par tous les safaris-photos de l’époque) comblent également un œil plus averti. C’est dire que le plaisir n’est décidément pas absent de ce dessin animé qui n’a pas la prétention de bouleverser une histoire du film d’animation.