H6 suit sur plusieurs semaines l’angoisse et l’attente de différentes familles à l’hôpital de Shanghai. Structuré de manière scolaire, le film offre à chaque groupe son segment dédié avant de passer au suivant, dans une alternance métronomique et protocolaire que le montage ne cherchera jamais à altérer. Le système narratif, bien réglé, enchaîne les scènes larmoyantes pour dévoiler une facette de ce que peuvent vivre les déclassés dans une Chine contemporaine qui ne prend quasiment pas en charge les soins de ses malades. Au forceps, à l’aide de musiques sirupeuses, H6 cherche à émouvoir plutôt qu’à décrire le fonctionnement technique et administratif de l’un des plus grands hôpitaux de la deuxième puissance économique mondiale.
Son objectif est ailleurs : extraire le suc dramatique contenu dans les événements qu’il enregistre, quitte à les déformer au montage pour générer une tension et un suspense un brin douteux. Par exemple, avant qu’une adolescente hospitalisée ayant perdu sa mère ne sorte des soins intensifs, on apprend, au détour d’une conversation avec le personnel soignant, que son père ne lui a jamais annoncé la nouvelle. Le plan suivant la filme dans l’ambulance, sur le chemin du retour, puis entourée de ses proches dans un silence pesant, maintenant hors champ la révélation tant attendue. De manière analogue, on retrouve plus loin un enfant précédemment renversé par un bus au milieu d’un parking, tandis que la caméra se positionne au loin, filmant les inquiétantes allées et venues des véhicules. Tous les segments du film se concluent de cette manière, sur une mise en tension au fond assez roublarde.