Le nouveau film de Garry Marshall (Pretty Woman, Just Married (ou presque)), Happy New Year, se présente comme la suite de Valentine’s Day. Les personnages ont pourtant tous disparu, la perte n’est pas grande, il est vrai. Si suite il y a, c’est dans la reprise de la forme, celle du film choral, et dans le casting… de luxe, diront certains. Si Valentine’s Day n’était pas convaincant, on était prêt en cette fin d’année à se laisser emporter par la magie de New York un soir de Saint-Sylvestre. La magie n’a malheureusement pas opéré, bien au contraire…
Happy New Year a les défauts du film choral raté. Les personnages, à force d’être démultipliés, deviennent inexistants. Ingrid (Michelle Pfeiffer) est une femme introvertie et esseulée. Pourquoi ? On ne le sait pas. Laura (Katherine Heigl) est en colère contre la rock-star Jensen (Jon Bon Jovi) qui l’a quittée un an plus tôt. Quelle histoire d’amour ont-ils vécue ? On l’ignore. Et il ne s’agit que de deux personnages parmi la vingtaine mise en scène dans le film. La scénariste (Katherine Fugate) ne s’embête pas avec les détails superflus. On a l’impression qu’elle a cru qu’en ajoutant un petit personnage insignifiant par ci et un petit personnage fade par là, l’addition de tous ces moins donnerait un résultat positif… malheureusement le calcul ne fonctionne pas. Les personnages ne sont que des caricatures, et encore des caricatures qui ne font pas rire. Il faut reconnaître qu’il y en a pour tous les goûts : de la jeune fille en fleur (Abigail Breslin) au vieux bougon (Robert De Niro), de l’illustrateur blasé (Ashton Kutcher) à la choriste enthousiaste (Lea Michele), de la latino sexy (Sofia Vergara) à la douce métisse (Halle Berry)… Tous ces charmants personnages sont mus par un seul but (même si certains ne le savent pas encore) : l’amour et son fameux baiser de minuit !
La caméra suit donc bien gentiment le destin de tous ces individus jusqu’à l’heure fatidique. Les situations ridicules et niaises se succèdent, comme celle où la jeune choriste, bloquée dans l’ascenseur avec son voisin, chante le titre qu’elle devait interpréter avec la star Jensen lors d’un gala. Magie du cinéma : le montage alterné réunit les deux chanteurs qui trouvent l’harmonie malgré la distance qui les sépare… sous l’œil embué du voisin. En plus d’être ridicules et niaises, les situations en arrivent même à être invraisemblables : la choriste, toujours elle, avoue avoir eu comme seul public sa salle de bain, et pourtant, elle se retrouve embauchée pour le concert de Times Square ; la chef, qui se dit très stressée pour son premier grand buffet, coupe tranquillement ses petits morceaux d’ananas dans une cuisine à moitié vide, mais qu’on se rassure, les centaines d’invités trouvent la nourriture délicieuse ! Le film se déroule sans suspense, ponctué de messages bien-pensants sur l’amour, l’espoir et les secondes chances qu’il ne faut pas refuser.
New York aurait pu apporter quelques petites bouffées électrisantes à ce film mièvre. Mais il n’en est rien. Les images de la « grosse pomme » sont convenues, clichés, et ont cet air de « déjà-vu » ennuyeux. Happy New Year est un coup marketing. On espère que les producteurs n’exploiteront pas toutes les dates du calendrier américain, car, au rythme où ça va, on pourrait s’attendre en octobre prochain à un Halloween, puis l’année suivante à un Thanksgiving, ensuite à un Noël, et pourquoi pas à un Jour de l’Indépendance. Tout ce que l’on souhaite à la fine équipe de Happy New Year, c’est d’en rester là !