Dans un futur lointain, les humains, devenus à la fois immortels (du moins le croient-ils) et stériles, sont menacés par l’apparition d’un mystérieux virus létal. Junk Head (de son vrai nom Parton) part explorer les entrailles de la ville souterraine à la recherche d’un éventuel remède. Pendant son voyage, un choc à la tête lui fait perdre la mémoire. Junk Head, film d’animation de Takehide Mori, se démarque par sa genèse : réalisé presque exclusivement par une seule personne (ponctuellement assistée d’une petite équipe), le projet sort sur les écrans et rencontre un public non négligeable au Japon, après sept ans de travail et malgré des moyens que l’on devine très limités. S’en dégage une sympathique impression de « fait maison » : on se plaît à déceler les marques de sa fabrication, à reconnaître la matière qui compose telle structure ou à estimer le temps nécessaire à l’animation d’une créature. Ce plaisir, que la dimension technique et performative de l’animation procure souvent, s’accorde particulièrement bien à la première partie du film, au cours de laquelle Junk Head erre dans un univers dont il ne connaît pas encore les règles et qu’il comprend en observant l’environnement : si un animal en mange un autre, il en déduit qu’il s’agit d’un prédateur à éviter, etc.
L’univers qui se dévoile ressemble à une sorte de zoo extraterrestre où la diversité anatomique des créatures qui le peuplent et la minutie de leur animation suffisent à amuser pendant une bonne demi-heure. Seulement, la curiosité que suscite un tel projet n’occulte pas longtemps les nombreux défauts du film, qui deviennent de plus en plus difficile à ignorer au prétexte qu’il s’agit d’une petite production. L’émerveillement fait place à la gêne devant une énième tentative d’humour grivois, ou une scène d’action qui tente vainement d’être dynamique, ralentis, mouvements de caméra tape-à-l’œil et musique rock à l’appui. Enfin l’ennui l’emporte sur l’embarras à mesure que le film devient de plus en plus écrit, s’encombrant de personnages et de back-stories au cours de longues scènes de dialogues figées qui viennent ternir ce que l’animation avait de charmant.