Porté par de nobles intentions, Le Bleu du Caftan souffre de ne jamais se libérer du carcan du film à sujet. Halim et Mina sont mariés de longue date et tiennent ensemble un magasin traditionnel de caftans. Avec son nouvel apprenti, Halim se voit confier la réalisation d’une pièce pour une cliente pressée ; entre les deux hommes germe peu à un peu un désir homosexuel, refoulé mais difficilement contenu. S’ensuit l’évident éloge d’un amour libéré, qu’on aurait souhaité plus intensément modulé par la mise en scène. La construction parallèle entre le nouage des ornements du caftan et celui du désir entre les deux hommes fait office de fil conducteur un peu convenu et mal tenu.
Une fois le désir esquissé, le film ressasse les mêmes motifs rebattus : regards entendus, gestes embarrassés, défiance surplombante, le tout servi par des gros plans systématiques. Comme cadenassées par cette mécanique, les relations entre les personnages se figent dans une retenue forcée qui finit par avoir raison d’un quelconque trouble. S’enchaînent prudemment les scènes habituelles de méfiance et de conciliation – les tensions s’apaisant dans une inévitable scène de danse à trois, vectrice d’un équilibre retrouvé. Le dénouement, rappelant que l’important, c’est d’aimer, finit d’étouffer le peu d’ambivalence au cœur de ce triangle amoureux.