Petite comédie a priori sans prétention et sans beaucoup d’effets, Le Témoin amoureux navigue entre New York et l’Écosse. Le film se révèle être non seulement une très mauvaise comédie romantique mais encore un film méprisant sur le vieux continent : pour Paul Weiland, l’Écosse se résume à un lieu de traditions idiotes, et New York le seul espace possible du bon goût et du romantisme.
Comme il est de rigueur dans la série américaine, un acteur qui fait vibrer les cœurs fragiles se doit de tenter une carrière sur grand écran : après, notamment, Il était une fois, Patrick Dempsey (docteur au sourire ravageur et à la barbe de deux jours de Grey’s Anatomy) est une nouvelle fois l’argument ‑et c’est dire l’ambition du film- de ce Témoin amoureux, dont le titre reflète d’ores et déjà la fadeur du propos. Sorte de remake bien moins sympathique que Le Mariage de mon meilleur ami, cet objet à peine cinématographique tente de reprendre les caciques de la comédie pour midinettes et d’attendrir les neurones de ces dernières avec un manque de savoir-faire criant, et un discours des plus révélateurs sur le mépris de certains « réalisateurs » américains pour tout ce qui n’est pas eux.
Tom est une sorte de yuppie new-yorkais au costume impeccable ‑d’où vient son argent, on ne le saura jamais puisqu’il ne travaille visiblement pas beaucoup- et aux habitudes d’éternel adolescent : comme nous ne sommes pas à un cliché près, Tom a évidemment une peur panique de l’engagement, Tom joue évidemment au basket avec ses amis, Tom drague évidemment toutes les poules possibles et imaginables de Manhattan. Mais un homme qui aime les chiens ne peut pas être totalement irrécupérable. Et, osera-t-on le dire, évidemment, il ne voit pas du tout que sa meilleure amie, Hannah, amoureuse de lui, est la femme de sa vie : rompant la tradition des dimanches entre copains ‑cookies et shopping, une vie, en somme, remplie de curiosité- Hannah part en stage en Écosse. Le temps du voyage a suffit à Tom pour prendre conscience de son amour. Mais, manque de chance, Hannah revient avec un futur mari, Colin, évidemment très riche.
Le fondement du scénario, très bêta, arrive pourtant à terme lorsque se développe la comparaison entre États-Unis et Écosse : l’Écossais a beaucoup d’atouts flamboyants. Il est duc, il est riche, il est grand, et possède apparemment un argument de choc que l’on devine lors d’une scène de douche post-basket. On découvre en cours de film, lorsque les New-Yorkais élégants et éduqués se déportent sur le vieux continent pour le mariage d’Hannah, le fond culturel de l’Écosse. Dans ce pays, il y a des moutons, des gens dégénérés qui ne parlent pas normalement, et des traditions archaïques et ridicules comme le lancer de troncs d’arbres… tous les Écossais chassent, boivent de la bière par litres en se tapant le bas-ventre, jouent du biniou et portent des kilts. On reste coi devant tant d’intelligence modeste et de représentations subtiles.
La caméra de Paul Weiland, persuadée qu’une histoire d’amour à la noix et un acteur de série hospitalière suffiront à captiver le spectateur, suit ses personnages, filment une multiplication de scènes inutiles aux situations ridicules et répétitives. La définition des protagonistes s’arrête d’ailleurs aux clichés et aux expressions sans imagination. Les dialogues, dont la rapidité et l’abondance tentent vainement de gommer un vide profond et d’impulser un rythme inexistant, sont affligeants : le seul plaisir que l’on retiendra est la dernière apparition de Sydney Pollack en père, multi-divorcé, de Tom, que l’on regrette déjà. En revanche, Paul Weiland peut laisser tomber le cinéma, et voyager un peu pour comprendre qu’il y a un salut en dehors des terrasses et des supermarchés de Manhattan.