Après Le Fils d’Elias, Daniel Burman poursuit son exploration des relations familiales. Il choisit ici un avocat, Perelman fils et son père, Perelman père, lui aussi avocat. Deux répliques du même homme ? C’est justement ce qui gêne Perelman fils, cela l’ennuie de ressembler à son père. C’est sur cette trame un peu mince que débute le film. Nous allons alors suivre les pérégrinations d’un homme qui va chercher à se positionner face à son père, mais aussi à son fils. Quelques scènes sont bien senties, mais le reste n’est pas à la hauteur et le film se révèle relativement ennuyeux.
Le film s’ouvre sur la voix off de Perelman fils. Habituez-vous à cette dénomination, car le personnage n’a pas de prénom. Même sa femme l’appelle Perelman. Le héros commence tout de suite à parler de son père, de ses petites habitudes du matin et de son métier d’avocat. Le portrait est rapidement brossé, avec un certain humour et une certaine tendresse, mais le problème est que Perelman fils ne s’arrête pas de parler. Burman fait ici une utilisation très maladroite de la voix off, puisque le personnage explicite absolument tout : ses actions et celles des autres, et surtout ses pensées, ce qui manque de subtilité. À la limite, pourquoi nous montrer l’acteur jouer s’il explique tout ce qu’il ressent ?
Passées les premières minutes où l’on se demande s’il s’agit d’un film sur les avocats, le réalisateur entre dans le vif du sujet et expose ses problématiques : comment faire pour ne pas ressembler à son père, comment trouver sa place en tant qu’homme et comment apprendre à connaître son fils. Car non content de décrire la relation entre un homme et son père, Burman complique la tâche en faisant apparaître le petit Gaston, fils de Perelman fils. Tout un discours sur la ressemblance et l’hérédité se met alors en place. Ce sont les secrétaires qui s’amusent à déceler les ressemblances entre Perelman fils et son père. Ou c’est encore le héros qui demande à son père pourquoi il a offert un ballon à son petit-fils, alors qu’eux-mêmes n’aiment pas jouer au ballon. On se demande depuis quand le fait de ne pas aimer jouer au ballon se transmet par les gènes…
Reconnaissons cependant que Daniel Hendler, qui interprète Perelman fils, ne se débrouille pas trop mal. Heureusement, si l’on considère le fait que le film est presque exclusivement centré sur lui. D’accord, il s’agit du héros, mais si le sujet du film porte sur ses relations avec les autres membres de sa famille, il aurait été bon de développer un peu plus ces autres personnages. On ne connaît que peu, finalement, la femme de Perelman fils, Sandra, qui joue un rôle limite accessoire. De même, quand le père disparaît, on se surprend à n’être pas vraiment touché. Cela vient du fait que ce qui est de l’ordre du ressenti, dans Les Lois de la famille, passe par de longs discours. C’est un film bavard, dans tous les sens du terme. Et lorsque Daniel Burman déclare : « Je suis un fervent défenseur du non-dit » ou « Je pense qu’on surestime l’importance des mots », on se dit qu’il y a un décalage entre ces pensées et le résultat à l’écran.
Certes, le film tente de développer d’autres formes de communication, comme le toucher, puisque Sandra est professeur à domicile de la méthode Pilates. Par les étirements, par la sensation tactile, elle trouve d’autres moyens de s’exprimer. Mais cette idée n’est pas assez exploitée. Pour finir, que dire de la conclusion simpliste du film ? Perelman fils semble enfin avoir compris certaines choses. Il assiste à un spectacle organisé par la crèche de son fils et admire son petit bambin. « Il me ressemblera quand il voudra », déclare-t-il… « et s’il le veut. » Pour sûr, cet enfant sera heureux. Le spectateur un peu moins, mais on vous aura prévenus.