Ma vie n’est pas une comédie romantique n’est pas tout à fait une comédie romantique. Pas complètement du cinéma. Comme dans la vraie vie, les hommes y sont lâches, faibles ou obèses ; les femmes, hystériques ou délurées. Et tous, alors qu’ils n’y croyaient plus, se retrouvent embarqués presque contre leur gré dans de ridicules ou improbables histoires d’amour. Ah bon, c’est justement ça une comédie romantique ?
L’Américaine Meg Ryan en a assez d’incarner à elle seule (allez, avec Billy Cristal et Tom Hanks, c’est vrai) le genre très convenu de la comédie romantique. C’est donc un veto ferme et sans condition qu’elle a posé sur le titre d’origine, Ma vie sans Meg Ryan, pourtant bien meilleur… Mais peu importe. On aura compris dès les premières images du film – un grand type en pleurniche devant l’indémodable Quand Harry rencontre Sally – que l’hommage rendu tendra dangereusement vers le pastiche. Un peu comme si on avait de la tendresse pour le genre, mais un peu honte quand même… Ma vie… regorge alors de références avouées, de scènes cultes détournées, de schémas décalés. De clins d’œil de connivence, en fait, histoire de dire au spectateur : « toi non plus, tu n’es pas dupe ». Il faut voir Marie Gillain permanentée façon choucroute américaine pour s’en convaincre et commencer à vraiment s’amuser. Et très vite, la comédie romantique classique estampillée 90’s prend, à travers tous ces freaks aux postes de seconds rôles (puceaux obèses de 35 ans, décérébrés des jeux vidéo, adolescentes techtoniques, enfants mangeurs de fleurs ou buveurs de bières) des allures totalement farrellyennes.
L’humour potache, souvent grossier et même scatologique des frères Farrelly n’est en effet pas étranger au réalisateur Marc Gibaja et à son coscénariste Laurent Sarfati, qui sévirent deux ans durant aux commandes de La Minute blonde, sur Canal+. C’est donc dans ce domaine qu’ils s’en sortent le mieux, et la romance « classique » qui sert de prétexte au comique trash est finalement la moins intéressante. Certains gags sont vraiment tordants, et les surprises, nombreuses, d’un scénario déjanté à souhait en font oublier les quelques inévitables baisses de rythme. Le véritable bémol vient en fait du casting, sur lequel repose pourtant en grande partie le fonctionnement de ce genre de film. Or ici, la mayonnaise ne prend pas toujours, les blagues sonnent parfois un peu faux, à cause, notamment, d’un Gilles Lellouche pas très à l’aise dans un rôle de grand sentimental dont il n’a même pas vraiment le physique. Le duo qu’il forme avec un Laurent Ournac qu’on avait connu moins bridé (Mon incroyable fiancé, télé-réalité sur TF1) ne restera d’ailleurs pas dans les annales…
Mais ces quelques faiblesses n’empêcheront pas le spectateur indulgent, ou en congés pour les fêtes, ou les deux, de passer un bon moment devant ce film léger et sans autre prétention. Il aura même le droit de rêver que sa vie est une comédie romantique : Gilles Lellouche et Marie Gillain y ont cru, et formèrent un temps, suite au tournage, un parfait petit couple… C’est Meg Ryan qui doit s’en mordre les doigts.