Pour son second long-métrage, Pascal Rabaté nous conte les petites réjouissances et les petites contrariétés de vacanciers sur la côte atlantique. Situations improbables et personnages mutiques sont au programme de cet hommage affiché à Jacques Tati mais ne suffisent pas à maintenir notre attention en éveil, faute d’une réalisation digne de ce nom.
Une voiture de golf, un cerf-volant, une bicoque à la mer. Une rencontre, un enterrement, un peu d’adultère. Rabaté fait sa cuisine, fait de petits riens un grand rien. Les défenseurs du film diront qu’il est sans prétention, c’est peut-être là son problème. Rabaté cultive le jardin de la fantaisie insolite, sans prétention aucune, certes, mais sans nouveauté non plus. À l’horizon de Ni à vendre, ni à louer : un peu de Kusturica (la fanfare surtout en fait), beaucoup de Tati, et tout ça en moins bien. Si Tati était son maître, disons que Rabaté serait le bon élève zélé et ennuyeux que les profs ne supportent pas : trop sage, de bonne volonté mais sans volonté propre, définitivement sans personnalité. Commentaire de fin de trimestre : « Soyez un peu vous-même ! »
Oui, les grands noms du cinéma sont parfois écrasants pour les cinéastes amoureux du septième art, c’est bien connu. Ici, le poids est trop lourd pour les frêles épaules de Rabaté, qui a bien révisé ses annales du cinéma burlesque, ça se voit. L’apprenti cinéaste explore la profondeur du champ pour y inscrire les détails de son imagerie insolite – un escargot en premier plan, un cerf-volant surgissant dans l’encadrement d’une fenêtre en arrière-plan – jouant avec les différents niveaux d’attention du spectateur comme le faisait Tati. Dans sa structure, le film peine à trouver son identité de long-métrage et privilégie le bout à bout. Sous la houlette du court-métrage burlesque, dont il ne récupère que la forme creuse et jamais la dynamique, Ni à vendre, ni à louer n’est finalement qu’un enchaînement de sketches muets répondant au principe fait roi : une scène égale un gag.
Rabaté ne cherche pas tant à faire un film qu’à nous faire partager toutes ses trouvailles, celles-ci étant érigées en but fictionnel ultime : à chaque scène sa trouvaille. À ce rythme, le film pourrait continuer indéfiniment, jusqu’à l’épuisement des bonnes idées. Le format BD dont le réalisateur est issu est ici très palpable, chaque scène (voire chaque plan) fonctionnant de manière autonome comme une vignette. Passé les premières minutes, cette construction s’essouffle parce que la fiction qui la soutient ne se renouvelle pas et le film tourne à vide. Ni à vendre, ni à louer fait l’effet d’une pochette surprise : l’emballage nous plaît mais on est toujours déçu par ce qu’on y trouve. Rabaté, cinéaste astucieux à défaut d’être passionnant, nous offre un film malin à défaut d’être intelligent.