© Metropolitan FilmExport
The Crow

The Crow

de Rupert Sanders

  • The Crow
    • États-Unis2023
    • Réalisation : Rupert Sanders
    • Scénario : Zach Baylin, William Schneider
    • d'après : The Crow
    • de : James O'Barr
    • Image : Steve Annis
    • Décors : Holly Thurman
    • Costumes : Kurt and Bart
    • Musique : Volker Bertelmann
    • Producteur(s) : Victor Hadida, Molly Hassell, John Jencks, Edward R. Pressman
    • Production : Edward R. Pressman Film Corporation, Relativity Media, Highland Film Group, Davis Films, Electric Shadow Productions
    • Interprétation : Bill Skarsgård (Eric Draven), FKA Twigs (Shelly Webster), Danny Huston, Sami Bouajila, Laura Birn,...
    • Distributeur : Metropolitan FilmExport
    • Date de sortie : 21 août 2024

    The Crow

    de Rupert Sanders

    New look


    New look

    The Crow s’emploie à actualiser le culte, tout de même aujourd’hui un peu passé de mode, qui entoure le film éponyme d’Alex Proyas sorti en 1994 et adapté des comics de James O’Barr. Cette nouvelle itération, pilotée par Rupert Sanders, se démarque toutefois de la facture du long-métrage originel. Il faut dire que l’esthétique clipesque brandie par Proyas, compensant par un déluge d’effets l’absence de son acteur vedette (Brandon Lee est décédé au milieu du tournage), a fait son temps. Le montage épileptique, les nombreux filtres déformant l’image ou encore le gothisme de façade sont ici évacués au profit d’une direction artistique conforme au tout-venant de la production hollywoodienne actuelle. Nul fantôme à dissimuler ici : il s’agit au contraire d’ériger de nouvelles figurines.

    « Tu crois que des ados rebelles nous érigeront des autels ? » susurre Shelly (FKA Twigs) à son amoureux Eric (Bill Skarsgård), dans un élan de naïveté. Cet aveu d’hubris formulé par celle qui, avec son air maussade et ses fringues destroy, s’affirme comme une égérie possible d’une jeunesse représentée comme déboussolée, trahit la visée étriquée du projet : l’iconisation. Le film, qui déploie dans un premier temps une romance initiatique façon Twilight, envisage surtout ses personnages comme de pures surfaces. Il s’attelle ainsi à déchirer le corps malingre du revenant Eric Draven, engagé dans une entreprise de vengeance et qu’un pacte confus avec un être divin (portant les traits inattendus de Sami Bouajila) rend immortel, mais pas insensible. Sa transformation se révèle ensuite surtout une affaire de look, à travers une mise en scène du costume (au sens large : vêtements, tatouages, maquillage) qui occupe le reste du récit. C’est le parti pris de Sanders que de privilégier la trajectoire vestimentaire du héros, reléguant l’éclatement d’une violence exacerbée à quelques séquences gores dans le dernier tiers : de la tunique rose de son centre de désintox au grand manteau de cuir, dernière touche apportée à son style de bad boy, Eric, à l’épreuve de la noirceur du monde, se trouve avant tout une allure.

    Le programme, assez superficiel, s’accompagne par ailleurs de la peinture assez surannée d’une lutte générationnelle. Face au monde des adultes, figuré comme austère (les personnages, aux mines glaciales, habitent des appartements au design minimaliste), se dresse l’innocence et l’émotivité des « jeunes ». Si Sanders croit avoir capté l’air du temps en faisant arborer une iroquoise à son héros, qui s’autorise d’ailleurs une séance de chemsex avec FKA Twigs, quelques visions renvoyant à une imagerie adolescente désuète (on chante et on danse autour d’un feu de camp) trahissent plutôt une déconnexion avec l’époque. Le film de Proyas avait été qualifié, peut-être abusivement, de post-moderne ; c’est ici plus nettement démodée qu’apparaît cette nouvelle mouture.

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