Un nuage dans un verre d’eau

Un nuage dans un verre d’eau

de Srinath Christopher Samarasinghe

  • Un nuage dans un verre d’eau
  • France2012
  • Réalisation : Srinath Christopher Samarasinghe
  • Scénario : Srinath Christopher Samarasinghe
  • Image : Alexandre Bussière
  • Décors : Bénédicte Walrawens
  • Costumes : Cyril Fontaine
  • Son : Yohann Angelvy, Bruno Pucella, Stéphane Bergeron
  • Montage : Karen Cerutti
  • Musique : Ramachandra Borcar
  • Producteur(s) : Caroline Bonmarchand, Emmanuel Barraux, Nicolas Corneau
  • Production : 1976 Productions, Avenue B Productions
  • Interprétation : Anamaria Marinca (Anna), Gamil Ratib (M. Noun), Tewfik Jallab (Khalil), Antoni Hadzi Janev (Antoni Antoni), Jean-Michel Correia (Bertrand), Guillaume Verdier (Kiersten), Claude Perron (Lieutenant Cerro), Marc Bodnar (Lieutenant Rohmer)
  • Distributeur : A3 Distribution
  • Date de sortie : 14 août 2013
  • Durée : 1h30

Un nuage dans un verre d’eau

de Srinath Christopher Samarasinghe

Les tourments de la première fois


Les tourments de la première fois

Un nuage dans un verre d’eau, premier film de son auteur Srinath Christopher Samarasinghe, semble parfois handicapé par une volonté de trop bien faire. Malgré tout, on trouve dans ce coup d’essai quelques jaillissements qui appellent une forme d’attente de l’œuvre à venir, un poil plus mature.

Un nuage dans un verre d’eau est clairement atteint du syndrome du premier film qui voudrait faire de ce dernier une synthèse parfaite des désirs et idées cinématographiques de son auteur. Srinath Christopher Samarasinghe veut tout dire, tout faire, tout essayer. On ne pourra pas lui reprocher l’absence d’ambition ou la timidité du débutant dans le plongeon des formes et des genres que le cinéma offre. Thriller mâtiné de science-fiction et de récit intimiste, son film est un drôle de méli-mélo qui tente presque tout, au risque parfois de se perdre dans les méandres de l’à peu près et du frôlement un peu superficiel. Tout commence comme un journal filmé : M. Noun, projectionniste égyptien veuf et vieillissant, vit dans un petit appartement du 18e arrondissement de Paris. Il partage avec sa voisine Anna, une prostituée roumaine malmenée par son maquereau, un quotidien un peu morne, cloisonné, que le petit-fils de M. Noun décide de filmer. Les témoignages du présent et du passé s’entremêlent, mettant l’accent sur la nostalgie de l’immigré, la solitude du veuf, la misère économique, jusqu’au moment où le film dans le film rejoint l’intrigue générale, centrée sur la disparition de M. Noun.

On retrouve beaucoup de Léo Malet dans ce Paris populaire et fantasque où se croisent les piliers de comptoir, les maquereaux trafiquants à la petite semaine, les adeptes du téléphone rose et les immigrés solidaires. C’est cette fantaisie qui réussit à faire le lien au milieu des paradoxes du film : Srinath Christopher Samarasinghe est visiblement attiré par la transcription de douleurs simples et tranchantes comme celle de l’exil, de l’incompréhension et de l’inadaptation sociale. Les réussites visuelles (celle, par exemple, du journal intime de M. Noun, baigné du clair-obscur des dissensions familiales) sont cependant noyées dans la volonté de surpasser le sujet formellement, par une kyrielle de sorties imaginatives et de cassures rythmiques et narratives. Certaines scènes semblent ainsi n’exister que pour approfondir le style du film, son effet, le rendre plein, sans que l’on en comprenne le sens réel : l’histoire de la carotte en accéléré, le dessin animé de respiration, les saillies un peu naïves (« La haine tue toujours mais l’amour ne meurt jamais ») montrent un réalisateur tiraillé entre le désir de raconter, de rendre hommage et celui, bien humain, de mettre en valeur un bric-à-brac assez prolifique. Avec une envie aussi sincère et un talent réel bien qu’alourdi par quelques maladresses, on peut attendre de Srinath Christopher Samarasinghe un deuxième peut-être plus concentré et plus sûr de sa ligne directrice.

Soutenez Critikat

Critikat est une revue de cinéma associative dont les rédacteurs et rédactrices sont bénévoles.
Si elle est (et restera) entièrement gratuite, sa production a un coût : votre soutien est précieux pour garantir sa pérennité et son développement (site Internet, vidéos, podcasts...).
N'hésitez pas à nous soutenir mensuellement si vous le pouvez !