Un premier film aux allures de comédie cachée sous un argument de polar, c’est le programme d’Affaire de famille. Une réalisation honnête, une mise en scène fluide, dont l’originalité réside dans la manière de raconter la même histoire plusieurs fois avec des points de vues différents.
Une affaire plutôt bien troussée que cette Affaire de famille, premier long-métrage de Claus Drexel. L’originalité de l’affaire réside dans la façon de la raconter plusieurs fois, en changeant le point de vue. Un procédé qui n’est certes pas nouveau et déjà expérimenté par des réalisateurs confirmés tels Gus Van Sant, mais maîtrisé et servant à la fois le suspense et le comique du film. Le scénario, bien mené (écrit à quatre mains et récompensé par les trophées du premier scénario), s’y prête bien. L’argument est plutôt simple : comment un sac de sport rempli de billets de banque va bouleverser la vie d’une famille bien tranquille de Grenoble. Agencé en chapitres, le film mène l’enquête pour découvrir d’où vient ce don du ciel qui se révèlera empoisonné. D’abord, l’histoire vue par Laure Guignebont (Miou-Miou, savoureuse), propriétaire bien sage d’une boutique de cadeaux kitchissime (« Les Marmottes » !), qui croque du chocolat au moindre stress et se délecte de l’œuvre de Stephen King. Ensuite, Jean, son mari (André Dussollier, drôle et juste), ancien joueur de football à la carrière contrariée, qui rêve de fuite au Brésil. Puis Marine (Hande Kodja), leur ado un brin rebelle et aux relations peu recommandables.
La mise en scène de Claus Drexel joue sur les dévoilements successifs des personnages : l’inspecteur de police (génial et trop rare Éric Caravaca) au double jeu, la mère prête à couvrir des actions illégales, le père plein de mystères, la jeune fille pas toute blanche… Au fur et à mesure qu’on découvre quel rôle les personnages ont réellement joué dans l’apparition du sac plein de billets, on découvre aussi des liens familiaux changeants : sous couvert d’un scénario de film policier, le réalisateur signe en fait une comédie sur les travers des liens épouse / époux, père ou mère / fille. Certes, Affaire de famille ne pousse pas la réflexion très loin, mais ce n’est d’ailleurs pas son intention. Le film reste une comédie un brin décalée, au rythme très enlevé : montage rapide, choix de musiques rock, rebondissements à répétitions. Et si le tournant que prend l’histoire est parfois un peu prévisible, le scénario reste habile, et sert surtout de vrais personnages d’une comédie plus qu’honnête.