De la pièce à grand succès (plus de 700 représentations, 1,5 million de spectateurs) créée en 2002, Juliette Arnaud, Corinne Puget et Christine Anglio, ont gardé le titre, même si Arrête de pleurer Pénélope, le film, co-écrit par les trois actrices, et co-réalisé par les deux premières, raconte un épisode de la vie des trois copines situé dix ans plus tard. Comment bien vieillir ? s’interrogent les personnages du film. On a envie de retourner la question aux scénaristes.
Trois amies qui se sont perdues de vue héritent d’une vieille bicoque du le Sud de la France dans laquelle elles ont passé les étés de leur jeunesse. Pressées de vendre ce tas de pierres, les voilà réunies à la campagne le temps d’un week-end, loin des tracas de leur vie quotidienne. Elles y retrouvent les souvenirs de leur adolescence, et bien sûr, leur amitié. Chloé, Léonie et Pénélope sont les trois copines de la pièce qui a donné son nom au film. Interprétées par les comédiennes Juliette Arnaud, Corinne Puget et Christine Anglio qui se sont rencontrées sur les bancs de l’école de théâtre, elles retrouvent les personnages de leur succès. La pièce mettait en scène la relation rosse de trentenaires, qui discouraient avec spontanéité sur leurs échecs sentimentaux. Jouant sur les ressorts du boulevard, le huis clos reposait sur une certaine vivacité du langage. Dix ans plus tard, quid de l’énergie de ces filles qui choisissent de prendre l’air, hors des planches ?
« Un jour, dans les toilettes d’un bar, j’ai vu que quelqu’un avait écrit sur la porte : “Il faut savoir renoncer avec grâce à sa jeunesse.” Le film peut finalement se résumer à ça : trois personnages qui, chacun à sa manière, le temps d’un week-end, renoncent avec disgrâce à leur jeunesse », raconte Juliette Arnaud. Qu’ont fait les trois filles de leur belle jeunesse ? De retour dans le village qui a vu naître leurs premières amours, elles font face à l’écart qui s’est creusé entre les rêves d’adolescence et les réalités de la vie. Frustration sexuelle pour l’une, naïveté angélique pour la seconde et organisation militaire pour la troisième : les travers de jeunesse sont devenus des personnalités stéréotypées. Dans l’étendue des décors réels champêtres, les caractères des personnages ne résistent pas à l’étroitesse de l’écriture. Mise à part une courte séquence de virée en mobylette, tout est crispé dans la mise en scène comme dans le jeu des acteurs. La verdeur du langage, la répartie se sont évanouies pour laisser place à des vociférations hystériques. Bien sûr, la grossièreté peut être source de comique. Encore faut-il savoir la faire surgir avec précision. Puisque les interjections « Putain » sont hurlées dans toutes les répliques, elles perdent tout de leur puissance de transgression. On regrette l’absence du précieux dosage dans la mise en scène qui permet de faire surgir le rire.
Le film souffre en effet de tourner du début à la fin au même rythme, au même volume, dans la même teinte. De retour dans la boîte de nuit de leurs premiers émois adolescents, les amies se fendent d’une chorégraphie sur la chanson « Pump Up the Jam » de Technotronic. Or, depuis le début du film, on avait justement furieusement envie de leur intimer de baisser le volume et de faire voisiner les hurlements d’énervement avec d’autres types d’échanges. Non seulement le jeu des actrices verse en permanence dans le cri, mais le traitement du son lui-même est d’une grande indigence, comme on le sent dès la première scène chez le chirurgien esthétique, où la voix portée de Juliette Arnaud se heurte désespérément à l’absence de profondeur de la bande-son. On pense souvent que dans la maîtrise d’un langage mi-affectueux, mi-vachard, dans la gestion du rythme et du ton, dans le jeu des actrices, Géraldine Nakache avec Tout ce qui brille a décidément pris la relève pour ce qui est du « chick movie », et qu’il serait peut-être temps pour le trio de Pénélope de passer à autre chose.