À l’instar de nombreux personnages d’autres franchises hollywoodiennes (Rambo, Terminator, Indiana Jones…), les héros cultes de Bad Boys ont bien vieilli. 17 ans après le deuxième volet, Mike Lowrey (Will Smith) et Marcus Burnett (Martin Lawrence), deux flics chevronnés de la police de Miami, désormais la cinquantaine, rempilent pour une nouvelle mission contre le crime. Là où le dernier Rambo s’attachait à maintenir la légende debout en dépit du corps atrophié du vieux Stallone, Bad Boys for Life s’en tient à faire son miel du décalage comique entre la dangerosité du métier et l’âge avancé des personnages (le bouc blanchi du premier, la vue déclinante du second). Mike et Marcus envisagent toutefois leurs vieux jours de manière différente, l’un s’apprêtant à partir en mission, quand l’autre entend jouir d’une paisible retraite. Cette approche constitue la limite du film dans la mesure où elle s’en tient à une série d’oppositions qui entérine, au gré des situations, une fracture générationnelle sans explorer ce qu’implique le vieillissement d’un corps entièrement voué à l’action.
Centré sur Will Smith, là où les deux précédents volets reposaient surtout sur l’alchimie entre les deux acteurs, Bad Boys for Life se révèle être, dans son dernier tiers, un improbable remake du Gemini Man d’Ang Lee : Mike apprend en effet qu’il est le père du jeune chef de cartel, ce qui permet de justifier, par transmission héréditaire, ses remarquables aptitudes au combat. Le film emprunte alors un virage nanardesque, s’emparant soudain d’une intrigue grotesque (le grand méchant du film s’avère être une sorcière mexicaine, ancienne amante de Mike) avec un improbable sérieux qui tranche avec la légèreté des scènes qui précèdent. Jusqu’alors insouciant, le héros se voit mis face à sa responsabilité de père absent, ce qui lui confère une profondeur psychologique qui ne trouve pas sa place dans le monde littéralement creux définit par Michael Bay (cf. les déplacements d’une caméra virtuelle, capable de traverser n’importe quel décor, dans le deuxième volet). Adil El Arbi et Bilall Fallah, les deux jeunes réalisateurs en charge du projet, n’auront finalement réussi qu’à transposer l’univers misogyne de leur prédécesseur vers une télénovela gonflée, qui certes met les femmes à l’égal des hommes lors des scènes d’action, mais qui fait pâle figure en comparaison du débridé Bad Boys II.