Après l’inutile Reno 911, Alerte à Miami, Ben Garant revient à la réalisation avec un film déjà plus fin. Sans révolutionner les règles de la parodie, il attaque les films d’action et de sport par l’absurde là où Reno 911 utilisait sans aucune subtilité le sexe comme principale source de gags. Avant que le mince scénario s’assagisse sur les rails des genres qu’il parodie, Balles de feu surprend et fait sourire, grassement, mais l’évolution est notable !
Après avoir créé la série Reno 911, n’appelez pas !, Ben Garant avait créé le film. Rarement il s’était vu une telle parodie de la police américaine. Chercher l’humour dans les moindres replis de la vulgarité est loin d’être nouveau. De nombreux films font naître des éclats de rire plus ou moins honteux grâce au même vieil instrument : le sexe. Reno 911, Alerte à Miami c’était du sexe cliché tellement ridicule qu’il ne produisait pas même un rictus. Un film pitoyable, absolument ennuyeux, totalement dépourvu de la moindre scène divertissante. La très grasse saga des American Pie (du moins au début) comportait quand même des bribes de séquences drôles, au moins suffisamment pour sourire en y repensant. C’est dire l’envie de voir Balles de feu, la nouvelle réalisation de Ben Garant, qui mène par ailleurs une carrière discrète de scénariste (notamment La Nuit au musée 1 et 2).
Randy Daytona, enfant, est un prodige du ping-pong que son père entraîne depuis son plus jeune âge. Mais ce dernier a la mauvaise manie de parier de l’argent sur son fils. Lors d’un match contre le champion de la RDA, Randy subit une terrible défaite qui provoque l’assassinat de son père par des bandits parieurs. C’est le drame. Le jeune Randy arrête la compétition, brisé. On le retrouve vingt ans plus tard dans un cabaret où ses numéros de ping-pong acrobatique ne distraient personne. Devenu gras, les cheveux flottants et des pattes le long des joues, il a la tronche béate d’un trentenaire bloqué dans le corps d’un ado eighties. Mais il n’a pas lâché la raquette et le moindre dialogue s’accompagne d’une rafale de petites balles blanches. Passons les détails, un agent loser du FBI lui propose d’infiltrer un concours de ping-pong organisé par Feng, le bandit responsable de la mort de son père. Étonnant, non ? Non, mais aucune importance car jusque là c’est avec surprise que l’on rit franchement aux gags. L’histoire étant un support discret mais porteur, bonne proportion où Ben Garant semble en partie avoir cessé de croire que le seul ressort comique est le sexe. Mais attention, rien n’est fin et les clichés sur les communautés pleuvent sur les chinois, latinos, américains moyens, allemands… La réussite tient des gags les plus décalés, les plus futiles et les moins nécessaires à l’histoire, ce bon vieux principe de l’absurde qu’Éric et Ramzy dosaient mal dans Seuls Two il y a peu.
Dès la fin de la longue exposition, Balles de feu devient plus morne. Garant est absorbé par les tribulations de ses personnages au sein de la mafia chinoise dont l’empereur Feng est joué par Christopher Walken, distrait et un peu cabotin. Le film se resserre sur l’affrontement de Randy contre diverses caricatures de champions puis contre Feng, les gags s’espacent sans complètement disparaître.
Sur un scénario linéaire, Balles de feu suit deux parties inégales : vingt premières minutes pour le traumatisme d’enfance et les années loser, puis jusqu’au baiser final : l’occasion de se racheter un honneur et le rachat effectif. Avec ces deux parties, Balles de feu passe du film de sport au film d’action en gardant pour centre le ping-pong et les agitations d’une foule de caricatures qui parviennent à rester sympathiques. En projet modeste, Balles de feu fonctionne, ronronne mais n’énerve pas, tranquille film d’été au milieu des sorties monstres de super héros. On serait presque curieux de voir Ben Garant se risquer hors du parodique avec ces personnages patauds à la limite du touchant sous leur masque d’imbécillité.