Ben Stiller, acteur comique polymorphe, est à ce titre capable du meilleur (Zoolander, La Famille Tenenbaum) comme du pire (Mon beau-père et moi, Polly et moi). Sans se classer dans cette dernière catégorie, La Nuit au musée reste largement en deçà de ce que l’on eût pu espérer d’un scénario au fort potentiel de cartoon.
Larry Daley est une de ces figures sociales magnifiques qu’a su nous donner le cinéma familial US. Il est divorcé, et sa superbe femme lui préfère un geek boursicoteur ne vivant que pour ses gadgets téléphoniques. Sa femme a la garde de son fils, qui désespère de son père chaque jour un peu plus. Il ne sait ni garder un emploi plus d’un mois, ni convaincre un propriétaire de lui louer un appartement à long terme. Mais, et c’est là sa principale qualité, il persévère, il garde le moral. Au pays de l’oncle Sam et de Mickey Mouse, même quand on est dans la dernière misère, il faut positiver, et toujours regarder vers l’avenir, avec une courageuse fermeté dans les yeux. Vous voyez le genre. Alors, lorsqu’il décroche son emploi de gardien de nuit dans un musée, Larry va justement faire ça : persévérer. Et ce, même quand il va s’apercevoir que les hôtes de l’endroit (T‑Rex, Huns divers, hommes de Néanderthal, lilliputiens divers…) prennent vie, la nuit venue.
Le comique d’un tel scénario repose évidemment, avant tout, sur l’anachronisme, et voir — les effets spéciaux numériques aidant — un tyrannosaure courser Theodore Roosevelt sous les yeux dubitatifs d’une statue de l’île de Pâques est plutôt prometteur. Hélas, le grand tort du film est de vouloir rester dans les murs même du musée, de s’interdire d’en sortir, ce qui rend très rapidement les gags très répétitifs. Ben Stiller a rameuté ses potes Owen Wilson (Jedediah le cow-boy) et Steve Coogan (l’empereur Octave), pourtant potentiellement très bons, et en fait un maximum autour d’eux, avec Robin Williams (Roosevelt) en guise de cerise sur le gâteau. Et chacun de cabotiner à qui mieux-mieux, tout au plaisir de pouvoir faire mumuse en costumes.
La Nuit au musée est un succès phénoménal outre-Atlantique, où le film est sorti le 24 décembre. Est-il besoin d’en dire plus ? Film de Noël calibré au millimètre pour être un succès, il prend bien soin de ne choquer personne et de ne pas se laisser aller à une outrance qui eût pourtant été bienvenue. Wilson, Stiller et Coogan ont fait un film de potes, ça leur rapporte de l’argent, tant mieux pour eux. Le film n’est pas désagréable à regarder, mais au milieu de tous ces acteurs qui ont vraiment l’air contents d’être là, le spectateur a l’étrange impression de faire tapisserie, dans une soirée à laquelle il n’a pas été invité.