… mais qu’on y ajoute un crime en plus, et c’est à pas y tenir ! Simon Brenner, personnage emblématique de l’écrivain Wolf Haas, revient au cinéma après Silentium ! et l’inédit Komm, süsser Tod, avec cette fois dans l’idée de démêler l’écheveau de petits crimes et de bassesses diverses qui se trament dans un relais-hôtel montagnard. Pour tromper son ennui, sûrement – une idée intéressante, mais finalement assez mal illustrée par une réalisation hésitante.
Simon Brenner, ex-flic devenu enquêteur privé, est frappé de la maladie du besoin de savoir. Alors qu’il vivote en procédant à des recouvrements d’impayés pour le compte d’un ami commerçant, il se laisse entraîner à tenter de découvrir pourquoi le payeur indélicat qu’il est venu chercher dans un hôtel de montagne a disparu, et pourquoi cette disparition est entourée d’une impénétrable omerta. Mais à fouiner là où il ne devrait pas, Brenner tombe dans l’inextricable écheveau tissé par les employés de l’hôtel…
Adoptant un angle plutôt rare, sinon inédit pour un polar, Bienvenue à Cadavres-les-Bains place son spectateur en position omnisciente, afin de montrer rapidement le principal ressort scénaristique du film : on s’ennuie ferme à la campagne, surtout pour un vieux briscard comme Simon Brenner. Mais pour tout un chacun, l’inertie glacée qui entoure la vie dans le petit hôtel deviendra bien vite le catalyste d’un besoin impérieux de faire bouger les choses, quitte à tromper son mari, disparaître ou… faire disparaître. En somme, le crime comme distraction.
C’est donc un regard amusé que pose l’auditoire sur Brenner, enquêteur assez pataud, qui parle à qui il ne faut pas, en tire les mauvaises conclusions, et finit par comprendre quelque chose qui ne sera pas loin d’un total contre-sens, tandis qu’autour de lui mafieux de bas étage, assassins involontaires et d’individus tout simplement normaux pataugent dans une histoire où, finalement, personne ne comprend rien. Une telle ironie n’est pas sans rappeler le style des films des frères Coen, Fargo ou Barton Fink en tête… le style en moins.
Car malgré la pertinence du travail du directeur de casting, qui s’est constitué une belle brochette de « gueules » de polar noir, le réalisateur Wolfgang Murnberger, ainsi qu’Evi Romen au montage, semblent dans l’incapacité de profiter du matériau qui leur est proposé. C’est donc avec le sentiment d’un ennui manifeste de la part du réalisateur que s’enfilent les péripéties de Bienvenue à Cadavres-les-Bains, péripéties généralement assez inattendues portées par un groupe d’acteurs plutôt capables dans leur rôles consciemment semi-parodiques. Mais à la fois la platitude démonstrative de la mise en scène et le manque cruel de rythme du montage nuisent au film, à tel point qu’on se prend à regretter que les responsables de la très efficace, drôle et alléchante bande-annonce du film n’aient pas eu à s’occuper du film lui-même.