Captive State part d’un argument classique de science-fiction (des extraterrestres envahissent la Terre) pour faire le récit choral d’une résistance à l’oppression. Le film ressemble à un étrange croisement entre District 9, autre production SF à « petit » budget (du moins comparé à la norme des blockbusters) qui faisait du genre le terreau d’une parabole politique, et L’Armée des ombres de Melville, par la peinture d’un groupe suivant un horizon mortifère qui ne peut qu’impliquer la dissolution (et le sacrifice) de l’individu dans un idéal collectif. On pense aussi évidemment au film qui a révélé Rupert Wyatt, réalisateur du très beau La Planète des Singes : Les Origines, autre portrait d’une révolte passant par la contestation du monopole de la violence exercée par une force dominante. Reste que le film souffre de la comparaison avec son aîné, en dépit d’une structure qui refuse astucieusement d’élire un héros pour mieux bâtir, par le montage, la réussite d’une action impliquant la contribution de chaque maillon d’une chaîne humaine.
Back in URSS
Là où Les Origines filmait patiemment un corps qui prenait conscience de sa servitude (le singe César) et jouait de son regard et de sa manière d’occuper l’espace pour mieux échapper à sa condition, Captive State repose sur un style plus volontairement heurté, suivant des personnages plongés dans le tumulte d’une guérilla urbaine. La différence entre les deux films, grosso modo analogues si l’on considère la seule surface de leurs récits, tient ainsi moins à une question de budget qu’au cap formel qu’ils se fixent, Captive State se contentant de figurer à gros traits un état policier où chacun vit dans la crainte de subir le joug d’un pouvoir tyrannique. La portée politique se joue dès lors malheureusement plus à échelle du scénario, riche en rebondissements (attendus), et des décors grisâtres (qui font de Chicago l’équivalent d’une ville d’URSS), que dans les plis de ce qui est filmé.