Plus de cinq ans après l’attachant Alex, José Alcala revient avec un nouveau portrait de femme fonceuse et obstinée, mâtiné cette fois-ci de film noir. Si l’on retrouve dans Coup d’éclat quelques-unes des qualités de son premier long métrage (son âpreté, une empathie manifeste envers ses personnages et ses acteurs), ce nouveau film se révèle trop terne pour se hisser à la hauteur de ses enjeux… et de son titre.
Olga, immigrée clandestine, prostituée et mère d’un tout jeune garçon, est arrêtée à Sète par la capitaine de police Fabienne Bourrier. Après être parvenue à s’échapper, elle meurt dans des circonstances mystérieuses. Mue par un sentiment de culpabilité diffus, Fabienne va tout faire pour élucider cette affaire, et pour retrouver la trace du fils d’Olga.
Même dans La Graine et le Mulet, qui déjà s’attachait à casser l’image pittoresque du petit port méditerranéen, Sète n’avait jamais été montrée sous un jour aussi peu idyllique : essentiellement nocturne, l’action de Coup d’éclat se déroule dans des chantiers navals désaffectés, des friches industrielles, des campings miteux où survivent tant bien que mal laissés-pour-compte et déclassés. Comme dans Alex, qui se déroulait en Ardèche, José Alcala s’attache à révéler la détresse sociale qui se cache aux marges de la réalité française, loin de l’attention des caméras de télévision. Inscrit dans son époque, Coup d’éclat déglamourise également l’institution policière : son criant manque de moyens, la sale besogne – la traque des sans-papiers – qui l’occupe désormais aux détriments de ses autres missions, tout cela est dit, et montré, explicitement mais sans lourdeur.
Cette volonté vériste se retourne malheureusement contre le film, la faute à une mise en scène qui refuse tant de se plier aux règles du genre policier qu’elle peine à compenser tout ce qu’elle a retranché de suspense, de tension, de vivacité. Coup d’éclat est un film qui fait la gueule, et qui nous prive du plaisir qu’on aurait eu à l’aimer. Affligé d’une photographie grisâtre et d’un rythme derrickien que ne parvient pas à racheter une fin plus ample et plus prenante, il souffre notamment de la comparaison avec les meilleures séries policières américaines, qui de leur côté ne sacrifient jamais l’efficacité au réalisme. Certaines scènes, comme celles où apparaît le commissaire mou du genou interprété par Tchéky Karyo, évoqueraient plutôt un épisode de Julie Lescaut…
L’autre point faible de Coup d’éclat tient à son scénario, qui repose tout entier sur un poncif : celui de la femme officier de police, forcément solitaire et revêche, qui agit et enquête seule (avec parfois la vague assistance d’un jeune subordonné), sans avoir de comptes à rendre à sa hiérarchie, et qui occupe son temps libre à s’occuper de sa mère malade et à se pinter au vin rouge. Même une grande actrice comme Catherine Frot ne peut parvenir à rendre crédible un personnage aussi convenu et chargé que celui-ci. Sa prestation, comme toujours impeccable, reste l’un des rares atouts d’un film sympathique mais raté.