Après avoir abordé le genre fantastique avec Les Morsures de l’aube et le film historique avec Monsieur N., Antoine de Caunes s’attaque, avec Désaccord parfait, à la comédie sentimentale. Et pas n’importe laquelle. Celle-ci qui se déroule à Londres et met en scène deux stars : un réalisateur français reconnu, Louis Ruinard, qui souhaite tourner son trente-quatrième film à Londres et une comédienne, jadis muse du réalisateur, qui ne joue plus que sur les planches et doit lui remettre un prix. Entre ces deux-là, une romance avait commencé, mais la vie les ayant séparés, c’est maintenant l’heure des retrouvailles. Lorsqu’un film n’a, au départ, d’attrayant que son casting, c’est déjà mal parti. Quand le scénario tourne à vide et que ledit casting ne fait pas les étincelles attendues, c’est encore pire.
Désaccord parfait n’a vraiment pas de chance, il accumule les problèmes. Le premier réside dans son genre, la comédie sentimentale. Le film oscille sans cesse entre les deux, exercice périlleux s’il en est. Résultat, le riromètre ne risque pas d’exploser et la petite larme ne sera sûrement pas non plus au rendez-vous. Les personnages, Louis Ruinard et Alice d’Abanville, se retrouvent au bout de trente années, après une belle aventure professionnelle et sentimentale. À présent, Alice se montre très froide et même hautaine envers Louis. Tout le film consistera donc à saisir l’évolution de leur relation vers le final attendu, cherchant avec peine un équilibre entre humour, vacherie et tendresse.
À ce petit jeu, on pourra déplorer – et c’est un comble – le jeu des comédiens. Loin de nous l’idée de vouloir remettre en cause le talent de Charlotte Rampling et Jean Rochefort, mais il faut reconnaître que leur jeu, tant en couple qu’en solo, ne « colle » pas au film. Jean Rochefort interprète un réalisateur talentueux visiblement toujours amoureux de son égérie du passé. Tantôt distrait, tantôt véhément, il en fait un peu trop. Sa fantaisie n’est pas toujours utilisée à bon escient. Lorsqu’il chante « Boum » de Charles Trénet, quelque chose se passe. Mais ce n’est pas toujours le cas. Quant à Charlotte Rampling, on a l’impression que, consciente de jouer une comédie, elle force parfois le trait, surtout lors des scènes où elle s’emporte, parle plus fort et s’énerve.
Il faut dire, rien d’étonnant quand on doit tenter de donner vie à un scénario aussi téléphoné. En effet, quel événement peut bien se cacher derrière le départ précipité d’Alice pour l’Angleterre et sa rupture avec Louis ? Il ne faut pas aller chercher très loin : un fils, bien sûr. Il n’y a qu’à voir le regard effrayé d’Alice quand le valet lui annonce, devant Louis, l’arrivée de son fils Paul, pour comprendre et se dire qu’on n’aurait pas dû venir. La suite du film est quasiment totalement prévisible. Un doute subsiste néanmoins sur le moment où Alice va révéler la vérité à Louis. Le spectateur, lui, risque de s’ennuyer ferme et d’attendre la fin avec impatience.
Pour être tout à fait juste, n’oublions pas les quelques bons aspects du film. Les seconds rôles sont assez sympathiques, notamment Isabelle Nanty, en assistante un peu ange gardien, Lord Gaylord ou encore le valet. Quelques scènes loufoques apportent un peu de bonne humeur à l’ensemble, comme le dîner chez les québécois ou la visite du club gay. Mais là encore, le film tombe dans d’autres travers, en utilisant parfois un humour pas toujours très fin, qui n’a absolument rien à faire là. Tout cela ressemble quand même bien à un beau gâchis. Une affiche alléchante ne donne décidément pas forcément un bon film. En voilà encore une preuve flagrante.