Énième variation autour du huis-clos morbide à énigmes – à mi-chemin entre Cube, Battle Royal, Labyrinthe ou Destination Finale -, Escape Game surfe sur la vague de succès des jeux du même nom, dans lesquels des joueurs enfermés dans une salle doivent résoudre une série d’épreuves. Le film, similaire à Escape Room sorti deux ans auparavant, est l’adaptation d’un jeu où l’interaction est combinée à une immersion spectaculaire empruntée aux codes de genres et de registres fictionnels (policier, suspens, etc…).
« L’escape game » incarne un principe narratif porté à son paroxysme : le monde se voit transformé en plateau de jeu où chaque indice récolté contribue à la formulation du récit. En réadaptant cette formule, Escape Game prolonge le schéma déployé par Agatha Christie dans son célèbre Dix petits nègres (lui-même source d’inspiration des « escape »), soit une articulation entre un jeu de massacre et la révélation des traumatismes refoulés des personnages.
Vérité(s) de l’image
Vers le milieu du récit, Zoey, l’un des personnages, s’imagine contourner les règles du jeu en détruisant les caméras de surveillance. Privant les organisateurs du jeu de leurs images de surveillance, elle provoque une série de faux-semblants et de trompe-l’œil. Si ces récréations autour du visible et de l’invisible auraient pu constituer le cœur du projet, le film préfère toutefois miser sur la transparence et révéler les réels tenants de l’intrigue. Sans surprise ni style propre, Escape Game prend avant tout la forme d’un spectacle ludique et attractif, au sens d’un tour de manège réitérable, comme en témoignent sa prévisible chute finale et ses personnages stéréotypés (le jeune cadre dynamique, l’adolescent paumé, la surdouée névrosée, etc…). Le jeu de massacre n’en reste pas moins (totalement) déplaisant, si l’on accepte de ne pas en attendre davantage.