Déception à l’avant-première du Labyrinthe : Dylan O’Brien, le minois vedette du film (et star transfuge de la série Teen Wolf), n’est pas là parce que « vu le succès annoncé du film, le tournage de la suite a déjà commencé ». Faire saliver son auditoire tout en long annonçant que la star prévue n’est pas là : chauffeur de salle, c’est un métier. Il est vrai, cependant, que le public acquis d’emblée au film – une salle de 2700 places comble, tout de même – semble lui assurer le succès par avance – non que ce soit immérité, d’ailleurs : Le Labyrinthe se singularise en effet du tout-venant de l’adaptation des romans à succès pour ados, plutôt à bon escient.
La loi des séries
La couleur est donc annoncée d’emblée – à la façon de Hunger Games, Le Labyrinthe est le premier volet d’une trilogie, et toute l’esthétique du film s’en ressent, jouant délibérément sur les non-dits, les incertitudes, voire le cliffhanger final. Cela pourrait agacer, ça a déjà coûté beaucoup à des films comme La Cité des ténèbres. C’est ici judicieusement intégré à la présentation progressive d’un univers d’anticipation qui n’est pas sans rappeler des prédécesseurs très seventies, comme L’Âge de crystal ou Mondwest. À la fois thématiquement autosuffisant et ouvert sur une exploitation ultérieure, Le Labyrinthe bénéficie d’un univers cohérent et attirant, passé à la moulinette formelle des séries à mystère.
Personnage zéro
En revanche, pas question de laisser échapper quoi que ce soit sur les personnages : tous ont été privés de leurs souvenirs, et ils présentent un paradoxe dans le sous-genre bien codifié des films pour ados. Sans rien pour eux que leurs seules réactions aux événements, ils offrent la possibilité d’une identification efficace et immédiate de l’auditoire, mais cela les prive de la tentation de la romance rebelle adolescente, un classique pourtant. Et cela allège considérablement le film. Se délivrer du sentimentalisme primaire est une des meilleures idées du film, qui peut cependant par ailleurs pécher par des excès démonstratifs. Ainsi, chaque personnage a un rôle archétypal, qui semble intensément reflété dans sa physionomie, et le film n’évite ni les facilités, ni les plus lourds des clichés narratifs. Le Labyrinthe, avec ses naïvetés gênantes et ses belles intentions narratives, se place donc sur le haut du panier de la fiction adolescente.