Le film Starbuck, succès québécois de l’année 2012, a attiré l’attention de nombreux pays dès sa diffusion en festivals. Depuis un an, les projets de remakes se multiplient à travers le monde, comme nous l’évoquions en entretien avec Ken Scott à la sortie française du film. En France, Starbuck devient donc Fonzy dans une copie conforme sans surprise.
À l’heure d’écrire cette critique, une seule phrase vient d’abord à l’esprit : « se reporter à la critique de Starbuck ». Le remake d’Isabelle Doval est en effet très (trop) fidèle à l’original, jusque dans les vêtements des personnages. Cette fois-ci, Diego Costa, alias Fonzy, est le donneur de sperme à l’origine de la naissance de 533 enfants dont 142 veulent connaître son identité, invoquant le droit à la connaissance de leurs origines pour des raisons médicales (comme les risques de consanguinité). Les questions liées aux spécificités du droit français sont donc vite balayées, tout comme la gratuité du don de gamètes en France, transformée ici en participation à un protocole expérimental contre rémunération. En effet, un des points sensibles du film de Ken Scott résidait dans le fait que Starbuck/ David Wosniak avait tiré un avantage financier conséquent de sa semence, mais avait investi cet argent pour offrir le voyage de leurs rêves à ses parents. L’éternel adolescent, irresponsable et inconséquent, était donc un homme au grand cœur. Une pirouette permet ici de conserver ce gentil twist.
Avec Fonzy, on peut ainsi jouer au jeu des différences : le meilleur ami, avocat à la petite semaine, est devenu mince et noir, la copine enceinte est passée de blonde à rousse, la boucherie familiale est devenue une poissonnerie, la famille n’est plus d’origine polonaise mais espagnole… Mais tout cela a bien peu d’intérêt, à part celui de faire passer le temps. D’autant plus que ces glissements n’ont pas d’incidence sur le fond de film, dont la construction narrative obéit avec précision au scénario original de Ken Scott et Martin Petit. On sourit parfois, mais on ne rit plus, puisque l’on connaît tous les rebondissements et que les bons mots sentent le réchauffé.
Fonzy n’a rien de désagréable, mais révèle scène après scène l’étendue de son inutilité. José Garcia fait un très bon Patrick Huard et Audrey Fleurot apporte un piquant utile au personnage de la petite amie, un peu fade dans la version originale. En somme, la comédie comporte les qualités de son modèle, mais le remake échoue totalement dans l’appropriation culturelle du sujet. On craint désormais la suite des petits que Starbuck va encore essaimer derrière lui…