En 2003, les Films du Préau sortaient leur première anthologie de courts-métrages d’animation chinoise en deux parties : Impression de montagne et d’eau et Les Trois Moines et autres histoires. Ces deux programmes, destinés à présenter un panorama des Studios d’art de Shanghai, étaient dominés par l’œuvre de Te Wei, l’époustouflant Impression de montagne et d’eau. Dans cette nouvelle double anthologie, pas de tel point d’orgue pour jeter de l’ombre sur les autres courts métrages, mais une mosaïque à la gloire de l’inventivité de l’animation chinoise.
Six films sont donc au programme de cette anthologie en deux parties. Le premier programme prend son titre à l’un des trois courts métrages le composant : La Boutique des pandas, auquel se joignent L’Écureuil coiffeur et Le Hérisson et la pastèque. De toutes les anthologies, ce dernier se révèle le parent pauvre. Adapté d’un récit traditionnel fort connu en Chine, le film vante les mérites de l’ouverture d’esprit − comment il est plus pratique de pousser une pastèque avec les mains que de la planter sur ses piquants − méthode « traditionnelle » chez les hérissons.
L’utilisation du découpage articulé, partagée avec trois autres contes, est ici associée à un graphisme vite redondant, qui douche l’enthousiasme. La Boutique des pandas bénéficie quant à lui d’un graphisme trouble, ouaté, qui tranche avec celui, beaucoup plus répétitif, du Hérisson. L’Écureuil coiffeur vient compléter cette première partie de l’anthologie, et se trouve un conte étourdissant, réalisé en dessin animé, sur les aventures d’un écureuil faisant donc profession de coiffeur, certainement de façon un peu enthousiaste. Le graphisme à la gouache ajoute à ce conte une poésie inédite, au rythme trépidant, faisant de cet Écureuil le joyau de La Boutique des pandas.
Malin comme un singe fait référence, dans son titre, non à l’un de ses courts métrages, mais au protagoniste de ses trois programmes : le singe, donc. Animal mythologique en Chine, il est autant le roi-singe du récit rocambolesque et tant de fois adapté Le Voyage en Occident, que l’un des douze signes du zodiaque, celui symbole d’astuce. Parmi ces trois programmes, Les singes vont à la pêche est le plus burlesque, présentant une troupe de singes tentant de reproduire les succès d’un pêcheur local, sans grand succès. Rythmé et coloré, il ne se compare guère, cependant, avec les deux autres contes. Attendons demain ! est un récit sur la procrastination, mettant en scène un singe tentant de se construire une maison, sans jamais réussir à faire autre chose que de repousser au lendemain ses travaux. Parsemé de séquences oniriques et flamboyantes, Attendons demain ! est un somptueux spectacle, mais c’est au dernier court métrage de ces deux anthologie que revient la palme du plus beaux des six contes : le Petit Singe turbulent. Réalisé grâce à la technique découpage déchiré articulé, ce film se révèle une réalisation de toute beauté, une beauté délicate, subtile, et parfois… cruelle.
Peut-être plus homogène que son prédécesseur Impression de montagne et d’eau / Les Trois Moines et autres histoires, le diptyque La Boutique des pandas / Malin comme un singe présente un panorama plus soutenu de l’animation chinoise, qui rend grâce à l’inventivité et au lyrisme des Studios d’art de Shanghai.