Effrayé dès la nuit tombée et doux comme un agneau, Laban est un petit fantôme pas comme les autres. Bien heureusement, il peut compter sur ses parents et sa coquine de petite sœur, Labolina, pour gentiment hanter le bien nommé château Froussard. Adapté des célèbres livres pour enfants créés par les Suédois Inger et Lasse Sandberg, Laban le petit fantôme raconte avec intelligence, poésie et humour les petites et grandes frayeurs propres à l’enfance. Un joli film d’animation en 6 épisodes privilégiant la 2D et réservé – chose rare – aux tout-petits.
Découpé en six épisodes, Laban le petit fantôme égrène les mésaventures agitant le quotidien du Château Froussard. Pour le premier chapitre, Laban se doit d’affronter son manque de confiance en lui. Alors que sa petite sœur est passée maître dans l’art du hurlement, Laban lui, a bien du mal a surpasser ses peurs. À peine pousse-t-il un petit cri timide bien décidé à « être aussi effrayant que son papa », que ses angoisses nocturnes le reprennent. Poussé par les encouragements maternels, bon gré, mal gré, il s’aventure dans les couloirs sombres de la demeure. Malheureusement, son camarade Sottise, le jeune fils du Roi et de la Reine, aurait du mal à voir en lui autre chose qu’un meilleur ami. Même s’il éclate de rire en le voyant, ce dernier encourage Laban dans la voie du pragmatisme : « C’est en faisant que l’on apprend. » Finalement, malgré ses essais maladroits, Laban se rassurera sur sa réelle capacité à faire peur. Même s’il le découvre par hasard et qu’il se donne lui-même la chair de poule, son manque de confiance s’apaise.
Calqué sur un même modèle narratif – problème, enquête, résolution –, les 5 autres épisodes déclinent tous leurs histoires autour de peurs enfantines diverses. Avec l’épisode « Mais où est donc Labolina », sont abordées la relation frère-sœur et la variété des personnalités pouvant exister au sein d’une même fratrie. Dans « La Visite au château » et « Un monstre, un vrai », enfants et adultes se posent la question des croyances et des superstitions. Lorsque la poupée de Labolina disparaît, la colère dévastatrice de la petite fille ne s’apaisera que lorsqu’elle se rendra compte de ses propres erreurs. Enfin, Noël approchant à grand pas (« Le Père Noël »), Laban surmontera une nouvelle fois ses inquiétudes, heureux de voir qu’il peut encore croire en ses rêves d’enfants.
Volontiers pédagogique, Laban le petit fantôme se démarque par une animation simple mais authentique (l’aquarelle étant privilégiée pour les fonds). Servi par une voix off féminine introduisant les situations, le film s’en sert également pour ménager le suspens par des interrogations directes à l’attention du jeune public. Preuve que ses créateurs ne prennent pas nos (futurs) bout’chous pour des chauves-souris sans cervelle. On frise même la psychanalyse avec une belle scène de stade du miroir ! Enfin, qui dit monde de fantômes, dit trouvailles visuelles bien pensées (ô, ce beau sapin truffé de chaînes-guirlandes !) et humour décalé. Les performances d’imitatrice de la petite sœur sont d’ailleurs assez savoureuses, aussi à l’aise dans la peau d’une « saucisse corbeau » que d’un ferry-boat bramant dans la brume.
Seule ombre au tableau de cette production suédoise: le mélange un peu maladroit des différents style d’animation ; la facture des intermèdes séparant les 6 segments du film étant un peu décevante. L’ensemble reste néanmoins tout à fait trognon et ses valeurs-clefs : amitié, sens de la famille et solidarité, n’ont rien à envier à celles de Madagascar 2 😉