Il n’y a a priori aucune raison de faire de procès d’intention à Éric Barbier pour ce Dernier Diamant, héritier d’une longue tradition de films de braquage à la française. Certes, le genre, cousin du polar, est depuis longtemps tombé en désuétude et, à l’époque de son âge d’or, aucun film ne s’est distingué, comme a pu le faire, par exemple, le Britannique L’or se barre. Loin du clinquant tape-à‑l’œil des Ocean’s 11, 12 et 13, Le Dernier Diamant est une œuvre d’artisan honnête, sans grosse faute de goût, ni véritable génie.
À la poursuite du diamant jaune
Simon est un cambrioleur, une pointure dans son domaine – spécialisé, semble-t-il, dans l’infiltration. Il fait partie d’une bande décidée à dérober le Florentin, un diamant doré d’une taille et d’une valeur colossales. Évidemment, il va devoir croiser le chemin de Julia, jeune femme chargée de la vente, et prendre garde à ne pas mêler le travail et les sentiments. Mais, rien ne se passe comme prévu… L’avantage du film de braquage, c’est que tout le monde, du réalisateur aux spectateurs, sait à quoi s’attendre. Le réalisateur Éric Barbier en est manifestement bien conscient, qui ne dévie pas un instant du déroulement narratif initialement prévu – pour la majeure partie du récit en tout cas.
Mécanique trop bien huilée
On saluera d’ailleurs l’efficacité dont fait montre le réalisateur : le rythme est vif, l’enchaînement narratif attendu, mais efficace. Yvan Attal et Bérénice Béjo livrent des performances solides, mais qui souffrent terriblement du manque de chair de leurs personnages. Éric Barbier et ses co-scénaristes Marie Eynard et Trân-Minh Nam ont ainsi dédaigné de creuser le moins du monde. Simon et Julia n’ont ni doutes, ni peurs, ni zones grises, le monde de la pègre comme celui des diamantaires n’ont pas d’existence à l’écran, pas de sabir propre, pas de rites sociaux, et Anvers, décor principal du film, n’apparaît que le temps de plans fugitifs. À tout cela s’ajoute une résolution finale bâclée, indigne d’un scénario vif et enlevé.
La troupe de scénaristes semble s’être intégralement focalisée sur la mécanique du récit, la jugeant seule digne d’intérêt. La réalisation d’Éric Barbier est au diapason : fonctionnelle et démonstrative. Le Dernier Diamant s’apparente donc à un film de braquage purement serial, tels qu’il en fleurissait dans les années 1960 – 1970, en un peu plus friqué tout de même. En tant que tel, le produit est honnête et divertissant, même si on aurait été en droit d’attendre un peu plus de spontanéité et de personnalité.