Après son incursion dans le fantastique avec Perfect Sense, David Mackenzie abandonne l’apocalypse mondiale pour se concentrer sur l’effondrement individuel d’un jeune garçon incarcéré dans une prison pour adultes. Film carcéral, donc, mais aussi et surtout réflexion sur la filiation et la rédemption, Les Poings contre les murs tente la difficile équation entre intimisme et violence, hérédité et liberté, un équilibre fragile que le réalisateur peine à atteindre.
Zonzon
Eric, jeune homme à peine majeur, est condamné, après une énième poussée de violence, à une peine de prison. Fini les centres pour adolescents à problèmes. Cette fois, Eric fait son entrée dans la cour des grands. S’il est conscient qu’il doit s’imposer très vite pour éviter de devenir le larbin de service, il doit aussi faire face à son étrange statut : son père Nev est lui aussi détenu dans le même pénitencier. Désireux d’élaborer son microcosme comme une société à part entière, David Mackenzie établit rapidement les règles que doit suivre son héros, la présence de son père s’avérant tout autant une protection qu’un frein à sa possible réinsertion. Pris en charge par un éducateur, Eric est amené à apprendre à gérer sa colère mais son géniteur, sorte de malfrat à l’ancienne, ne l’entend pas de cette oreille.
À l’intérieur
Genre cinématographique à part entière, le film de prison se veut un révélateur des turpitudes humaines où la violence et la loi du plus fort remplacent la justice du dehors. La brutalité y a pignon sur rue, la survie d’un nouvel arrivant dépendant de sa faculté à s’adapter à cette réalité. Et à ce jeu, Eric ne joue pas le rôle de la victime, bien au contraire. Dès les premières séquences, il fait montre d’une agressivité formidable. Mais l’intelligence du cinéaste réside dans le questionnement subtil qu’il fait de cette violence et de ses origines. En installant son héros dans un dispositif de réhabilitation où la parole libérée doit prendre le pas sur les réactions viscérales, il met à jour les failles d’Eric, principalement l’abandon paternel dont il a été victime. Rarement un film carcéral aura autant étudié à la fois le quotidien derrière les barreaux que les raisons, parfois inconscientes, qui y poussent de très jeunes individus. Mais les bonnes idées ne font pas nécessairement de bons films. Malgré l’interprétation impeccable de Jack O’Connell en bête féroce mue par une violence sourde et animal blessé encore sauvable, Les Poings contre les murs s’enlise dans une mise en scène plate, sans prise de risque, alors même que son sujet aurait nécessité une ampleur et un souffle, malheureusement absents. Si l’une des dernières scènes, en montage alterné, dope enfin le film d’une énergie du désespoir salvatrice, elle arrive un peu tard pour sauver de l’ennui le spectateur.