Le mariage bourgeois et sa ribambelle de personnages plus ou moins excentriques, sur fond de révélation d’un très vieux secret, voilà ce que donne à voir cette Pièce montée. Un gâteau indigeste dans lequel alternent crème dégoulinante trop sucrée et sketches familiaux trop attendus.
Après deux films de cinéma bien reçus par le public et la critique (Que les gros salaires lèvent le doigt, 1982, puis Réveillon chez Bob, 1984), Denys Granier-Deferre ne se remet pas de l’échec du troisième, Blanc de Chine (1988), et s’en va poursuivre sa carrière de réalisateur sur le petit écran. Convaincu par les producteurs qui lui apportent le roman de Blandine Le Callet, Denys Granier-Deferre coécrit le scénario et repart vers les chemins du grand écran. Las ! Si ses réalisations télé sont plutôt de belle facture (notamment 93, rue Lauriston, 2004), sa dernière réalisation pour le cinéma s’apparente ironiquement à un mauvais téléfilm. Preuve qu’il ne suffit pas de s’entourer d’un prestigieux casting à rallonge (Danielle Darrieux, Jean-Pierre Marielle, Aurore Clément, Julie Depardieu, Jérémie Renier…) pour hisser haut une histoire qui aurait pu donner lieu à une savoureuse comédie, quand bien même son thème n’est pas très original : un mariage bourgeois, la confrontation des deux familles et la galerie de personnages plus ou moins loufoques qui va avec.
L’attirail de la comédie chorale où s’entrecroisent les saynettes est ici plutôt raté. Il y a le vilain petit canard, la sœur de la mariée (Julie Depardieu), excentrique, athée et rebelle, qui a le coup de foudre pour la sœur du marié (Hélène Fillières), l’époux plus attentif à sa voiture qu’à sa femme (Christophe Alévêque), la nièce handicapée qui gène, la belle-mère acariâtre… n’en jetez plus ! Tout cet ensemble de personnages se balade sur fond de secret de famille lourdement amené à coup d’œillades grossières et de souvenirs qui affleurent : l’histoire d’amour entre la grand-mère Mady et le prêtre qui bâcle volontairement la cérémonie.
Les acteurs ne sont pas mauvais, Clémence Poésy et Jérémie Renier sont charmants, Julie Depardieu fait du Julie Depardieu dans son personnage de fofolle dans la lune… L’employer à contre-emploi aurait pu donner du piquant au film. Au lieu de ça, tout se déroule comme si le réalisateur ne s’autorisait pas à aller au bout des choses et son humour (hormis quelques scènes vraiment drôles) est aplati par une armée de clichés : le discours du vieux couple « tellement mignon » Darrieux-Marielle à base de « soyeux heureux, aimez-vous, soyez celui que vous voulez être », le couple de jeunes mariés en étant les dépositaires, a le goût d’une crème écœurante trop sucrée.
Il y a quelques semaines, la comédie française faisant montre d’une fraîcheur, d’une originalité, d’un ton drôle et réussi avec le premier film de Valérie Donzelli, La Reine des pommes. La Pièce montée, elle, tombe dans les choux. Heureusement pour le film, il y a Danielle Darrieux, belle et éternelle.