Réalisateur de télévision ayant participé à l’adaptation télévisée du feuilleton burlesque radiophonique The Goon Show, Richard Lester fut choisi en 1964 pour diriger les « Fab Four » dans leur première tentative cinématographique. Film réalisé par un fanatique du groupe qui n’a pour vocation que la présentation en longueur des caractères stéréotypés de chacun des Beatles, Quatre garçons dans le vent, cinquante ans après sa sortie, ne brille plus tellement que par son désordre vain (et certes joyeux) et son incapacité à faire autre chose de Paul, John, George et Ringo que des pantins enfermés dans une illusion de proximité et une fausse simplicité maladroitement comique.
I saw the film today oh boy
Amateurs d’écriture filmique, passez votre chemin. Quatre garçons dans le vent voudrait embrasser et le phénomène musical que sont les Beatles et le phénomène culturel qu’ils ont représenté. Dès l’ouverture, le point de vue de Lester est celui de la groupie : mâtinées de burlesque, les premières images évoquent effectivement le mouvement générationnel que les Beatles ont fait exploser. Ces derniers, poursuivis par une meute d’adolescentes en chaleur, se réfugient dans un train où de multiples rencontres et péripéties vont mettre à mal le planning construit par leur agent. Mais, malgré les quelques tentatives de cadrages picturaux et le plaisir d’entendre (en play-back, n’exagérons rien) les arrangements complexes de Lennon ou les mélodies désarmantes de McCartney, le film ne parvient jamais à sortir de la pure construction productionnelle. Le scénario prévoit juste assez d’espaces de chant (la cave, la salle de concert, le plateau de télévision) pour que l’auditeur devienne spectateur malgré lui. Au-delà des passages obligés d’un film qui a eu raison de compter sur les retombées financières d’une sortie en salles précédant de quelques jours celle de l’album du même nom, le succès critique et public de cet objet reste étonnant.
When I’m 50 in 2014
L’idée originelle est de faire des Beatles quatre quidams. Mais de leur humanité, de leur simplicité ne restent que quelques clichés relégués par les médias depuis longtemps -Paul le flegmatique, John l’insouciant, George le fêtard et Ringo la cinquième roue du carrosse. Ni personnes, ni personnages, ils sont des entités reconnaissables et catégorisées indéfiniment : la jeunesse contre le vieil homme du train, l’enthousiasme libre contre la prétention des autres créateurs (notamment télévisuels)… ils sont ce dont tout le monde rêve. Il manque à Lester un regard, un point de vue (le processus de création ? le phénomène social ? la dynamique du groupe ?) : mal à l’aise dans cette publicité gonflée par la fiction, il ne parvient jamais à insuffler un sentiment autre que celui de la nostalgie et la faim.