Le premier film mettant en scène les Beatles, A Hard Day’s Night, rebaptisé en français Quatre garçons dans le vent, sort aujourd’hui en DVD dans une édition collector remplie à ras bord, preuve que quarante ans après la Beatlemania, l’engouement pour les quatre de Liverpool n’est pas prêt de s’éteindre.
La période des fêtes de fin d’année est toujours un moment propice à la (re)sortie des œuvres des Beatles. L’an dernier, c’était l’ « album » Love (une collection de chansons habilement mixées entre elles par George Martin et son fils, véritable voyage musical plutôt passionnant) qu’on avait pu offrir ou se faire offrir à Noël. Cette année, c’est au tour de Quatre garçons dans le vent de bénéficier d’une nouvelle édition double DVD richement garnie de suppléments en tous genres. Destiné à un public très large, contrairement à Let It Be, toujours inédit en DVD, et qui s’adresse plus particulièrement aux curieux à la recherche de versions alternatives, Quatre garçons dans le vent ravira les néophytes comme les puristes, auxquels les nombreux bonus (répartis sur un deuxième DVD et d’une durée de trois heures) s’adressent directement.
Le film est présenté par Gilles Verlant, ancien acolyte d’Antoine de Caunes sur l’émission Rapido, dont il reprend ici la manière de s’exprimer (l’idée étant de balancer le plus grand nombre d’infos en un minimum de temps). Dans son introduction, Verlant ne manque pas de souligner les rapports entre l’humour décalé des Beatles et celui de l’acteur britannique Peter Sellers, qui avait par ailleurs fait une relecture tordante de plusieurs de leurs morceaux, parmi lesquels « A hard day’s night » et « She loves you ».
Aujourd’hui, il faut admettre que Quatre garçons dans le vent a pris un petit coup de vieux, notamment au niveau de son rythme : on a souvent l’impression que chaque gag est suivi d’un silence pour laisser le temps au public qu’on imagine riant à gorge déployée de reprendre son souffle — rappelons que le film est sorti en pleine Beatlemania et on imagine l’hystérie qui devait envahir les salles de projection à l’époque, la moindre apparition des Beatles provoquant les hurlements des adolescent(e)s. D’autre part, Quatre garçons dans le vent souffre d’une intrigue plutôt mince (mais après tout, il en était de même dans les films mettant en scène Elvis) : le sujet est d’une simplicité déconcertante ; on y suit les Beatles, accompagnés de l’incroyable grand-père de Paul, depuis leur départ en train jusqu’aux studios d’une émission télévisée pour laquelle ils vont enregistrer un live, profitant de la moindre occasion pour déserter les locaux et partir courir partout en costume cravate et en vitesse accélérée au son de « Can’t buy me love ». Il faut toutefois saluer le travail de restauration opéré sur le film, autant au niveau visuel que sonore (le film est notamment proposé en DTS 5.1).
La première partie des suppléments revient sur la genèse du film en détail, à travers un documentaire de 40 minutes intitulé 40 ans après, et plusieurs sujets mettant chacun en avant un des différents collaborateurs : le réalisateur (Richard Lester, choisi par les Beatles — réalisateur de télévision qui avait travaillé avec Peter Sellers sur The Goon Show, et à qui sera confiée plus tard la réalisation des deux premiers épisodes cinématographiques de Superman avec Christopher Reeve), le scénariste (Alun Owen, choisi pour ses origines liverpooliennes, qui était ainsi en mesure d’écrire des répliques sur mesure aux Fab Four, et qui prit le parti, vu qu’ils n’avaient jamais joué la comédie auparavant, de leur écrire des textes courts faciles à retenir), ou l’attaché de presse du groupe (Tony Barrow, qui revient sur la rapidité à laquelle le film a été tourné, Lennon et McCartney ne composant la chanson-titre qu’au dernier moment, et sur le côté précurseur de la dimension humoristique pour un film mettant en scène un groupe de pop, comme il s’en produisait alors à la pelle).
La deuxième partie des suppléments, intitulée À propos des Beatles, dépasse le cadre de Quatre garçons dans le vent, pour évoquer de façon plus générale l’univers du groupe, à travers des interviews du grand George Martin (leur arrangeur, considéré comme le cinquième Beatles, qui exigeait d’eux un nouvel album tous les six mois, et qui commente ici les différentes chansons entendues dans le film), de Klaus Voormann (à qui on doit notamment la couverture de l’album Revolver, et qui accompagna John Lennon à la basse sur scène et sur son album Plastic Ono Band, entre autres, et qui évoque ici la période des débuts à Hambourg, où les Beatles se sont rodés), ou Sid Bernstein (l’organisateur des concerts des Beatles aux États-Unis).
Enfin, on verra avec intérêt le chroniqueur Jacques Volcouve présenter sa collection de vinyles des Beatles, montrant les différentes éditions de la bande originale d’A Hard Day’s Night à travers le monde (ce qui permet de constater que la France n’est pas la seule à en avoir changé le titre — par ailleurs parfaitement intraduisible, les Italiens ayant opté pour Tutti Per Uno, les Allemands pour Yeah Yeah Yeah), ainsi que la désopilante parodie des Rutles du Monty Python Eric Idle, A Hard Day’s Rut.