Jennifer Lopez et Richard Gere: le couple est moins improbable qu’il n’y paraît. Spécialisées dans les comédies romantiques médiocres et interchangeables, les deux stars étaient destinées à se rencontrer.
Entre deux albums, deux clips et deux mariages, comment la chanteuse-actrice la plus people du moment trouverait-elle le temps de lire les scénarios qu’on lui propose? Quant à son partenaire, il restera à jamais abonné aux seuls rôles dans lesquels certains (qui ça?) le supportent: les cadres sup’ niais menés en bateau par le sexe dominant (leur femme). Néanmoins, si l’on devait faire un choix entre ces deux têtes d’affiches, ce n’est pas sur J-Lo qu’on s’acharnerait. Après tout, la bomba latina fait son job: décolletés plongeants, regards en coin sexy, larmes coulant sur le gloss des lèvres (pour montrer qu’elle se souvient de ses débuts dans le Bronx), chorégraphies hot où la belle n’hésite pas à mouiller son maillot (et celui de ses partenaires énamourés), voilà tout ce que le public lui demande. Mais pourquoi diable fait-on appel à Richard Gere, l’acteur le plus inexpressif et le moins sexy du monde, à chaque fois qu’il s’agit d’esquisser trois pas de danse? Son ridicule numéro de claquettes dans Chicago aurait dû mettre fin depuis longtemps à une carrière de danseur honteusement usurpée. Le pauvre homme est complètement à côté de la plaque. N’est-ce pas d’ailleurs ce que l’on a toujours voulu de lui? Tout au long de sa carrière (dont pas un seul film ne mérite vraiment qu’on s’y attarde), l’acteur n’a eu qu’un seul rôle: mettre en valeur ses partenaires, tout en étant le plus terne possible. Ainsi Pretty Woman révéla-t-il Julia Roberts et Chicago servit de tremplin à Renée Zellweger. Dans Shall We Dance?, on ne voit que la Lopez… C’est dire!
Le secret de ce casting hallucinant de nullité (et l’on oublie volontairement la présence inexplicable de Susan Sarandon) réside-t-il dans le titre, et plus particulièrement dans le point d’interrogation désillusionné qui l’achève? Référence honteuse – et inavouée – au Shall We Dance (L’Entreprenant M. Petrov en VF) du couple Astaire et Rogers, le film montre bien qu’Hollywood ne manque pas de faux danseurs devenant par le miracle du montage des artistes virtuoses, mais de vrais artistes sachant simuler quelques premières maladresses. Cher Fred, cher Gene, vous pouvez couler des jours tranquilles au paradis, les concurrents ne se pressent pas aux portes. Quant à toi, Richard, un conseil: il paraît que tu fais dans l’humanitaire. Alors, par pitié, laisse tomber les claquettes, et le cinéma par la même occasion. L’humanité des cinéphiles t’en saura gré.