Retour au grand écran pour le réalisateur de The Machinist, après une période intensément productive à la télévision. Logiquement, The Call porte les stigmates d’une narration télé appliquée au cinéma : efficacité redoutable sur une heure de narration, pertinence d’une mise en scène autour d’un décor ramassé… et effondrement total au bout d’une heure de film.
Jordan Turner travaille au standard de la police, la meilleure de son job – jusqu’au jour où, alors qu’elle aide par téléphone une jeune fille menacée par un rôdeur, elle assiste en direct au meurtre de celle-ci. Traumatisée, elle quitte le standard – jusqu’au jour où, un concours de circonstances aidant, elle se retrouve à aider, par téléphone, une jeune fille victime d’un enlèvement…
Air connu : le personnage d’élite dans son domaine déchoit suite à une situation à laquelle il ne peut pourtant rien, puis se voit offrir le droit de racheter sa conduite dans une affaire similaire. Pas original donc, l’argument de The Call est secondaire : l’essentiel, c’est la tension remarquable que le réalisateur Brad Anderson parvient à insuffler à son film. En se cantonnant précisément à deux lieux principaux – le bureau du standard de la policière, le coffre de la voiture dans lequel est enfermée la victime – le cinéaste prend le risque de l’essoufflement, de l’ennui. Pourtant, grâce à un scénario linéaire mais redoutablement bien ficelé, la tension monte non-stop tandis que la flic tente à tout prix de sauver la gamine qu’elle a au bout du fil. Le rythme s’accélère avec constance mais sans précipitation, plongeant le spectateur dans une tension toujours plus forte, d’autant plus impressionnante que la dualité de lieu (relative, admettons) ne laisse que peu de latence à la réalisation. Une heure de film passe, et le spectateur est à bout de nerfs…
Et plouf. Voilà que l’action se déplace, en même temps que les personnages. D’un coup, d’un seul, la tension retombe, tandis que le scénario multiplie les invraisemblances scénaristiques, là où sa rigueur et sa richesse narrative forçaient jusque-là l’admiration. Jusqu’à son finale, plutôt rigolo et plaisant, mais parfaitement improbable, le film ne semble absolument pas maîtriser sa dernière partie. Une fois terminée, la première partie laisse donc l’auditoire sur sa faim, lui distribuant ça et là des miettes de satisfaction narrative très bis mais aucunement digne de la lancée première.
Étrange cas de film en deux parties distinctes, à la fois narrativement et qualitativement, The Call se regarde donc avec passion un premier temps, puis nécessite une indulgence de tous les instants par la suite. Globalement, l’expérience n’est pas désagréable – mais on se prend tout de même à regretter la virtuosité entrevue.